Le groupe Even change de directeur, pas de direction: continuer à grandir

L'entreprise coopérative Even aura prochainement un nouveau directeur général, le troisième seulement en près de 60 ans. Objectif : « continuer le travail de longue haleine » de diversification pour mettre les adhérents éleveurs laitiers à l'abri des aléas des marchés.

Christian Griner succèdera le 2 octobre à Christian Couilleau qui était directeur général depuis 1993, a annoncé vendredi le groupe breton, dont le siège est à Ploudaniel, à 25 km au nord-est de Brest. Leur prédécesseur, François Dubois, avait dirigé le groupe également près de 30 ans, entre 1964 et 1993.

Le Président de la Coopérative #Even, Guy Le Bars, a annoncé, ce jour, en Assemblée Générale, la nomination de Christian Griner à la Direction Générale du Groupe.
Retrouvez le communiqué de presse👉 https://t.co/rycvNdp92r pic.twitter.com/jvi9b2Zpcv

— Groupe Even (@GroupeEven) September 18, 2020

M. Griner, 58 ans, conservera sa casquette de directeur général de Laïta, la filiale laitière née en 2009 du regroupement des activités laitières des coopératives Even, Terrena et Triskalia (marques Paysan Breton, Régilait et Mamie Nova).

Il entend « poursuivre et accélérer » le développement du groupe coopératif (1 260 agriculteurs adhérents) qu’il a rejoint il y a dix ans, dans une « saine continuité », déclare-t-il à l’AFP.

La priorité, explique-t-il, demeure de « rendre moins volatil le revenu laitier des adhérents » et de « continuer le travail de longue haleine » de recherche d’une « meilleure valorisation de la protéine laitière », induite par la fabrication de fromages, de lait infantile, d’ingrédients destinés à l’industrie ou à la nutrition des personnes affaiblies par l’âge ou la maladie.

Fondée en 1930 par des éleveurs finistériens, la coopérative a progressivement étoffé ses activités au-delà des produits laitiers : fourniture de services et d’équipements aux agriculteurs, nutrition animale, distribution alimentaire avec notamment la marque de livraison de surgelés à domicile Argel, fabrication de plats cuisinés ou de jambons secs…

Elle revendique près de 100 filiales, en France et à l’étranger, et des clients dans plus de 110 pays.

650 millions d’euros de fonds propres

« Notre job, c’est de faire un modèle économique résilient » via une répartition des risques sur plusieurs activités « qui fasse qu’on ne peut pas avoir de très mauvaises années », résume Christian Couilleau, remplacé en vue de son départ à la retraite l’an prochain et qui restera d’ici là dans l’entreprise notamment pour « aider sur la prospection ».

Even entend reprendre ses opérations de croissance externe après avoir « volontairement ralenti pendant un an », le temps de gérer la succession, « alors que d’habitude on fait une ou deux acquisitions par an », explique M. Couilleau.

Sous sa direction, souligne Even dans un communiqué, « le groupe a développé son volume d’affaires annuel (de 500 millions d’euros à 2,3 milliards d’euros), l’emploi (de 2 000 salariés à près de 6 500 emplois à temps plein) et le lait en responsabilité (de 280 millions de litres à 1 500 millions de litres) ».

La pandémie de Covid-19 a enrayé cet élan, en particulier du fait de l’exposition de la branche distribution alimentaire à la restauration commerciale.

« Nous avons mis pratiquement 2 000 personnes au chômage partiel au printemps », rappelle Christian Couilleau. Il note que l’été a toutefois été « synonyme d’espoir », le chiffre d’affaires lié à la restauration hors domicile ne s’étant replié « que de 5 % » sur cette période.

« Nous sommes très vigilants pour la suite », promet-il, tout en faisant valoir que « la maison est en très bonne santé financière » avec « plus de 650 millions d’euros de fonds propres et pas de dette. »

S’il cherche toujours à grandir, le groupe veut aussi « accélérer » sur le plan de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), les clients attendant des exploitations agricoles qu’elles soient mieux-disantes sur le plan social, environnemental et du bien-être animal.

Il a ainsi été décidé, rapporte M. Couilleau, « d’engager une politique de distribution de résultats conditionnée par l’action RSE de nos adhérents », afin que leurs efforts soient « reconnus » et sources de « fierté ».