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France/escroquerie à la viande de cheval

Le « calvaire » des fabricants de plats cuisinés


AFP le 12/02/2019 à 10:29

Des milliers de barquettes rappelées et, surtout, une perte de confiance des consommateurs : principales victimes dans l'affaire de la viande de cheval vendue pour du bœuf, les fabricants ou distributeurs de plats cuisinés ont demandé lundi à la justice de reconnaître leur immense préjudice.

« Nous espérons mettre un point final à ce qui a été un véritable calvaire », résume l’avocat du groupe de surgelés Findus, dont le nom reste associé dans les esprits à ce retentissant scandale alimentaire – mais pas sanitaire – des « lasagnes au cheval ».

Le tribunal correctionnel de Paris juge depuis trois semaines le volet le plus connu de cette affaire qui a éclaté en Europe début 2013, appelée le dossier Spanghero, du nom d’une entreprise de transformation de viandes alors implantée dans le sud de la France. Deux ex-dirigeants de Spanghero et deux négociants néerlandais sont soupçonnés d’avoir participé à la fraude en vendant à la société Tavola, fabricant de plats cuisinés – lasagnes, hachis parmentiers… – entre 2012 et début 2013 plus de 500 tonnes de viande de cheval comme étant du bœuf. Ils réfutent ces accusations.

Sur les bancs fournis des parties civile le groupe Comigel, sa filiale luxembourgeoise Tavola, des associations de consommateurs, des représentants de la filière viande et le liquidateur de Spanghero. Tous dénoncent l’existence d’une fraude en bande organisée et réclament aux prévenus un total de 40 millions d’euros. Les professionnels de l’alimentaire décrivent un préjudice économique colossal : selon le service de la répression des fraudes, l’affaire a causé, « la première année », « une baisse de 40 à 45 % en volume pour le secteur des plats cuisinés ».

Comigel et sa filiale luxembourgeoise Tavola ont perdu « 103 millions d’euros » entre 2013 et 2018 et sont désormais en liquidation. « Tout le marché des plats cuisinés s’est effondré », souligne leur avocate, Emmanuelle Bordenave-Marzocchi, en demandant six millions d’euros.

Au-delà des chiffres, tous soulignent la dévastatrice crise de confiance qu’a engendré le scandale, les réputations défaites chez les surgelés Picard et chez son concurrent Findus. « Pour beaucoup de gens, cette affaire, c’est l’affaire Findus », regrette le conseil du groupe, Thomas Bidnic qui rappelle les montages, souvent drôles, qui fleurirent sur internet. L’un : « Findus : quand vous avez l’estomac dans l’étalon ! » Le réquisitoire du parquet est attendu mardi, les plaidoiries de la défense mercredi.