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Viande de JB dans l'assiette d'écoliers

L’appel du ministre de l’agriculture


AFP le 18/02/2021 à 09:38
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(©Pixabay)

Ni veau, ni bœuf, la viande de jeune bovin est trop peu consommée en France, regrette le ministre français de l'agriculture : il appelle jeudi les gestionnaires de cantines scolaires à en commander pour soutenir les éleveurs bovins « en souffrance » et réduire leur dépendance à l'export.

« J’en appelle aux élus locaux pour faire le pari de cette viande de qualité et avoir le réflexe jeune bovin au moment où les menus des cantines sont établis », a déclaré le ministre de l’agriculture et de l’alimentation Julien Denormandie dans un entretien avec l’AFP.

En France, on mange plus volontiers du veau et des pièces de viande provenant de femelles, réputées plus tendres, que celle des jeunes bovins – des mâles âgés de 12 à 24 mois. Cette viande de jeunes bovins, un peu plus claire que le bœuf, est toutefois « consommée dans certaines régions françaises comme dans la région lyonnaise, l’est de la France, un peu dans le nord », relève Caroline Monniot, cheffe de projet conjoncture viande bovine à l’Institut de l’élevage (Idele). Mais la moitié de la viande de jeunes bovins français est exportée, en premier lieu vers l’Italie mais aussi vers la Belgique, l’Allemagne et la Grèce. Les particularités régionales de consommation en France s’expliquent par la tradition, mais aussi par la présence d’immigrants italiens (Lyon, Grenoble), allemands (Alsace, Lorraine) et belges (nord), explique Mme Monniot à l’AFP. La France vend aussi massivement à l’Italie (81 % des exportations) des animaux plus jeunes (6 à 12 mois), appelés « broutards », qui sont engraissés sur place puis généralement servis dans les restaurants transalpins, un marché bouleversé par la crise du Covid-19.

Le ministre de l’agriculture est pressé de trouver de nouveaux débouchés, en France, pour les producteurs bovins qui dénoncent des prix d’achat de leurs animaux inférieurs aux coûts de production. La Fédération nationale bovine (FNB), section spécialisée de la FNSEA, a récemment calculé à partir de projections qu’un éleveur avait gagné en moyenne 8 000 euros en 2020, soit moins de 700 euros par mois.

« Lancer une dynamique »

Dans son appel, le ministre s’adresse tout particulièrement aux élus des régions ayant une tradition d’élevage de races à viande (Charolaise, Limousine…) dans un vaste périmètre « autour du Massif central ». Car, dit-il, s’approvisionner en jeune bovin produit localement, « c’est le moyen de faire vivre nos territoires avec une filière de la viande allaitante qui est en souffrance et pour laquelle on se bat tous les jours pour recréer de la valeur ».

« Peu grasse », « c’est une viande particulièrement adaptée à nos enfants, à nos adolescents », plaide Julien Denormandie, qui note qu’on la trouve « dans beaucoup de cantines en Europe, mais pas chez nous ». Et il est « beaucoup plus rapide de changer nos habitudes dans les plats que nous servons dans les cantines que de changer l’habitude de 66 millions de consommateurs », fait-il valoir. La restauration scolaire, ce sont 1,2 milliard de repas par an, souligne le ministre, de quoi « lancer une grande dynamique ».

« C’est une filière qui pourrait être beaucoup plus développée avec de l’engraissement qui se ferait sur notre territoire plutôt que d’envoyer des broutards être engraissés dans d’autres pays comme en Italie », plaide le ministre. Le président de la FNB, Bruno Dufayet, dit « oui » au « fait de consommer du jeune bovin dans les cantines à la place des viandes d’import ». « Mais il faut des contrats qui garantissent la prise en compte du prix de production », prévient l’éleveur du Cantal.

Dans son bilan de l’élevage 2020, FranceAgriMer rapporte que la crise sanitaire a raréfié les débouchés, qu’elle a « conduit à une baisse importante des prix » et « révélé un certain nombre de risques qui pèsent sur la filière bovine française, notamment en ce qui concerne la valorisation des bovins mâles français ».

Pour Bruno Dufayet, le Covid-19 « a bon dos ». « Ce n’est pas la crise sanitaire qui a expliqué la baisse des prix, c’est la volonté des acteurs » en aval, industriels de l’abattage et de la transformation en tête, de payer moins cher. L’organisation d’éleveurs plaide pour « interdire la possibilité d’acheter à un prix en dessous du coût de production du vendeur ».