Accéder au contenu principal
Reconfinement

L’agroalimentaire muscle ses cadences de production


AFP le 29/10/2020 à 09:35
pasta-2093_1280

« Pas de panique » : se souvenant des razzias dans les supermarchés en mars, les industriels de l'agroalimentaire se sont dits « sereins » mercredi soir et « capables » de nourrir les Français reconfinés sans risque de pénurie, ayant augmenté leurs cadences de production de pâtes et autres aliments de base depuis deux semaines.

Alors que fleurissent sur les réseaux sociaux les premières photos de rayons dévalisés, le président de l’association des industries de l’agroalimentaire Ania, Richard Girardot, a affirmé que « personne ne manquera de nourriture » durant le nouveau confinement annoncé à partir de vendredi et jusqu’au 1er décembre par le président de la République Emmanuel Macron pour lutter contre l’épidémie de Covid-19.

« La chaîne alimentaire a tenu et elle tiendra » a dit Richard Girardot à l’AFP, s’inquiétant néanmoins de la logistique et des transports. « Les industriels se sont mis à accélérer de nouveau les rythmes de production de pâtes et produits de base depuis le couvre-feu il y a deux semaines, et la distribution a augmenté ses stocks. Certains avaient anticipé dès la saison de cueillette des fruits en gonflant leurs stocks de fruits en conserve et compotes » a-t-il ajouté. D’autres ont formé des équipes d’intérimaires-remplaçants pour pouvoir remplacer au pied levé des salariés malades.

Forte demande de raclette et charcuterie 

Actuellement, parmi les produits fortement demandés par une population moins mobile, les industriels citent « le fromage à raclette » et « les charcuteries tranchées ». Des sociétés comme Savencia ou Aoste ont dû ouvrir de nouvelles lignes ces derniers jours. « Pour garantir l’approvisionnement alimentaire sur l’ensemble du territoire national », le syndicat agricole Confédération paysanne a de son côté souhaité mercredi que le gouvernement « ne reproduise pas la même erreur qu’en mars dernier » et « maintienne » ouverts les marchés alimentaires de plein air.

Dans la meunerie, on entend éviter les images de rayons de farine vides : « la grande distribution nous appelle pour savoir si on a du stocks au cas où », a indiqué à l’AFP Karine Forest, de la minoterie Forest (Saône-et-Loire). « Ça fait deux, trois jours que la farine part un peu plus vite et, j’imagine, les pâtes et tous les produits de première nécessité », a-t-elle témoigné, indiquant avoir « recommandé des petits sachets pour anticiper », sachant qu’un sachet sur deux pour le conditionnement des paquets de farine d’un kilo vient d’Allemagne.

Pour les artisans-boulangers, qui risquent de voir s’effondrer une nouvelle fois les ventes de sandwichs, salades et pizzas, « on est en train de faire du stock de sachets de deux kilos, pour qu’ils puissent vendre à leurs clients des paquets de farine » pour leurs patisseries maison, a ajouté Mme Forest.

Comme durant le premier confinement, Bercy a tenu sa première réunion de crise sur l’approvisionnement lundi, autour de la ministre déléguée auprès du ministre de l’Economie Agnès Pannier Runacher, du ministre de l’Agriculture et de l’alimentation Julien Denormandie et celui des PME Antoine Griset, avec l’Ania, la Coopération agricole et la distribution. « J’ai insisté pour que plusieurs représentants des transports assistent à ces tables rondes régulières, ainsi que les représentants des marchés de gros, car la leçon que nous avons tirée du dernier confinement était que le transport était la base de tout pour nourrir les populations » a dit Richard Girardot.

Inquiétude du secteur de la pêche

« On a beaucoup appris du précédent confinement, ce qui n’empêchera pas qu’il y aura certainement des morts aussi dans notre industrie, même si notre secteur s’en sort plutôt bien par rapport à l’automobile ou à l’aviation » a ajouté M. Girardot en citant notamment « les micro-brasseries » comme secteur en difficulté.

Dans le secteur de la production, les pêcheurs ne cachaient pas non plus leur inquiétude: « depuis 15 jours, les cours ne sont absolument pas bons, puisque les mesures de couvre-feu ont fait que les restaurants ont diminué voire supprimé toute commande de poisson », a déclaré à l’AFP Hubert Carré, directeur général du Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM).

L’annonce du confinement fait qu’« on va se retrouver dans la situation du mois de mars, mais en pire, parce que les trésoreries des entreprises de pêche au mois de mars étaient plutôt bonnes, globalement ».