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Exports agricoles et agroalimentaires

La France en perte de vitesse par rapport à ses concurrents européens


TNC le 18/05/2021 à 09:27
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Le secteur agricole et agroalimentaire restait le troisième poste d’excédent commercial français en 2020, derrière l’aéronautique et le secteur de la chimie, parfums et cosmétiques. Cependant, les exportations marquent un repli significatif en valeur (- 3,4 %), en raison notamment du premier confinement. Enfin, la France semble moins performante que ses principaux concurrents européens, souligne un rapport de FranceAgriMer sur les performances françaises à l’export en 2020.

Si la crise sanitaire a pesé, en 2020, sur les exportations de l’ensemble des secteurs d’activité à l’exception de la pharmacie, les filières agricoles et agroalimentaires françaises ont globalement mieux résisté, puisque le repli de l’excédent commercial (6 milliards d’euros) est de – 3 % en valeur. Comparativement, l’aéronautique, secteur le plus impacté, accuse un repli de – 46 %. Cette diminution est principalement due à la forte baisse des exportations pendant le premier confinement, autour de – 15 % pendant les mois d’avril et mai, a indiqué Philippe Paquotte, chef de service à FranceAgriMer, à l’occasion de la présentation d’un rapport sur les performances à l’export des filières agricoles et agroalimentaires en 2020.  

Une dynamique d’exportation à la baisse vers l’UE

En raison de la baisse des exportations, le solde positif des échanges avec les pays tiers s’est lui aussi réduit (- 10 %), tandis que le déficit avec les pays de l’Union européenne à 27 s’aggrave (- 17 %) en 2020. Les 68,1 milliards d’euros d’exportations françaises sont en recul de 3,4 % en 2020 par rapport à 2019. 54 % sont à destination de l’Union européenne, soit 33,1 Md€, en diminution de – 2,3 %. Les exportations vers les pays tiers (46 %), sont en baisse de – 4,6 %, à 28,7 Md€.   

Sur la période 2011-2020, les exportations restent globalement à la hausse vers les pays tiers, bien que la moitié de l’augmentation de la valeur soit due à l’inflation. En revanche, la tendance vers l’UE est à la baisse si l’on considère l’évolution en euros constants, signe d’une tendance de plus longue haleine.

Ces exportations se concentrent d’ailleurs vers quelques pays, à savoir l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, les États-Unis et la Chine, représentent 50 % de la valeur des exportations françaises.

Des performances inégales selon les filières

La pandémie a pesé sur les exportations vers les États-Unis (4,9 Md€), qui accusent une baisse de 13 % s’expliquant principalement par les moindres envois de vins et spiritueux. Les ventes de vin sont également à l’origine d’une baisse des échanges avec l’Asie de l’Est, notamment le Japon. Enfin, si l’Algérie reste le premier client pour le blé, la baisse de 7 % des exportations vers cette destination s’explique par le ralentissement des envois d’animaux vivants.

Si l’on observe l’évolution des parts de marché mondiales de la France, peu de filières sont en progression en 2020. Seuls le lait et produits laitiers (+ 0,2 point), les animaux vivants et la génétique (+ 0,1 point), ou les engrais et produits phytosanitaires (+ 0,3 point) tirent, légèrement, leur épingle du jeu. Le secteur des vins et spiritueux, au premier rang mondial, perd un point de parts de marché, le secteur des céréales (7e rang mondial), recule de 0,4 point, tout comme le sucre (4e rang mondial), dont la balance commerciale augmente cependant par rapport à 2019. « 2020 n’est pas une année où la France a gagné des parts de marché, notamment par rapport à ses principaux concurrents européens », souligne Philippe Paquotte.

Dans le détail, parmi les produits à l’origine d’une perte de parts de marché, on peut citer la poudre de lait vers la Chine, au profit des Pays-Bas, le ralentissement de l’envoi de bovins vivants vers l’Algérie, plus accentué que celui de l’Espagne, ou encore la viande de porc vers le Royaume-Uni au profit de l’Allemagne. Néanmoins, d’autres produits progressent sur le marché mondial, comme les produits laitiers à destination de l’Allemagne, au détriment des Pays-Bas, et vers l’Italie, au détriment de l’Allemagne, le blé en Égypte au détriment de la Roumanie, l’orge en Chine au détriment de l’Australie ou encore les semences de maïs et de betteraves vers l’Allemagne, et les semences d’oléagineux vers la Russie et l’Ukraine, au détriment des Pays-Bas.

Des points de vigilance spécifiquement français

Si la France a moins bien résisté que ses principaux concurrents européens dans un contexte de crise sanitaire, c’est en partie dû à la nature des produits exportés, qui sont des produits plutôt premium, destinés à la restauration, explique aussi Philippe Paquotte. Cependant, les failles logistiques sont également en cause.

Pour Jean-François Loiseau, président de la Commission internationale de FranceAgriMer et président de la coopérative Axereal, certains leviers comme la logistique, et l’accompagnement des entreprises par les pouvoirs publics doivent donc être actionnés pour consolider et développer les parts de marché françaises. L’innovation doit être au premier plan, tout comme la mise en avant de la « bannière France ».

Ce rapport, qui synthétise un suivi conjoncturel des exportations, sera complété en juin par la remise au ministre d’une étude plus structurelle sur l’évolution et les causes de la dégradation de l’excédent commercial et agroalimentaire.