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Durabilité des modèles agricoles

La Conf’ accuse la FNSEA d’instrumentaliser la crise


TNC le 15/05/2020 à 16:09
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Dans un texte commun, des ONG et des organisations agricoles dont la Confédération paysanne accusent la FNSEA d'instrumentaliser la crise actuelle pour défendre un modèle "périmé" (©Pixabay)

Si la crise liée au Covid-19 a mis les questions alimentaires et agricoles au premier plan des préoccupations sociales et politiques, le débat sur la résilience et la durabilité du modèle agricole français n’en est que plus acéré. Aux côtés de plusieurs ONG, la Confédération paysanne vise la FNSEA et « les partisans de l’agriculture industrielle » qui, à la faveur de la crise, veulent « convaincre un maximum de consommateurs que si un produit est français, alors il est durable » tout en revenant sur des avancées environnementales.

« Les tenants de l’agriculture industrielle ne reculent devant rien, même devant l’instrumentalisation d’une crise sanitaire majeure pour défendre un système périmé », dénoncent dans un communiqué commun la Confédération paysanne, CCFD-Terre Solidaire, la Fédération nationale d’agriculture biologique, Générations futures, Greenpeace France, les Amis de la Terre, Réseau Action Climat et le réseau CIVAM.

Ils reprochent notamment au syndicat majoritaire et à d’autres acteurs, comme les distributeurs, d’instrumentaliser la crise pour faire croire à la durabilité du modèle agricole français dominant. « Depuis le début de la crise, la FNSEA a communiqué sans relâche pour valoriser les agriculteurs français à coup de #OnVousNourrit, et convaincre un maximum de consommateurs que si un produit est français, alors il est durable », soulignent les signataires.

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Pour les organisations, ces acteurs du secteur agro-alimentaire profitent au contraire de la situation « pour redorer leur image et revenir sur certaines avancées environnementales » : « en France, le 22 avril, les fédérations agricoles bretonnes ont demandé au Président de la République de “libérer la compétitivité française” des “contraintes de la surrèglementation [qui] asphyxient la production”. Une communication tellement scandaleuse que même l’interprofession bovine, Interbev, s’en est finalement désolidarisée. En parallèle, des syndicats agricoles ont déposé, en pleine crise et sans concertations réelles, des chartes leur permettant de réduire de moitié les distances nationales minimales entre les zones d’épandage de pesticides et les habitations, pour certaines cultures ».

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La souveraineté alimentaire nécessite un autre modèle agricole

Pour la Confédération paysanne et les ONG, cette communication « laisse à penser que la souveraineté alimentaire se joue uniquement au niveau français et européen, occasion de ressortir la vieille antienne de la vocation exportatrice de la France qui ne fait que contribuer à paupériser les paysans, en France et dans les pays en développement ».

D’autant plus que le modèle agricole français a montré ses faiblesses, ajoutent les organisations : « La crise sanitaire révèle les fragilités d’un secteur agricole et alimentaire qui n’est pas si résilient qu’il pourrait paraître. Les difficultés économiques majeures que traverse le secteur agricole révèlent sa grande vulnérabilité face aux crises. Cela s’explique par une forte dépendance aux échanges et chaînes de valeur mondialisées, à des difficultés logistiques, à une main d’œuvre fortement précarisée, à un fort endettement et une absence notable de diversité de productions et de débouchés ». Pour une agriculture véritablement résiliente, les signataires défendent « une paysannerie fondée sur l’agroécologie ».

Et s’ils soutiennent « tous les agricultrices et les agriculteurs », l’accélération de la transition vers d’autres pratiques est urgente. Les organisations signataires proposent, pour y parvenir, « une réorientation à 180° des aides agricoles vers l’agroécologie sans pesticide, et les productions diversifiées au niveau des territoires », « un abandon pur et simple des systèmes d’élevage industriel lié à une forte baisse de notre consommation de viande industrielle », « l’abandon des intrants chimiques, la protection des sols agricoles, la révision des règles commerciales et la fin de politiques prédatrices pour la souveraineté alimentaire des pays du Sud ».