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25e congrès de la Coordination rurale

En voulant rassembler les « désabusés », la CR « part pour la gagne »


TNC le 07/12/2018 à 09:45
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Plus que de coutume, le congrès 2018 de la Coordination rurale, qui se tenait les 5 et 6 décembre à Vannes, dans le Morbihan, constituait, pour les agriculteurs du syndicat, un ultime meeting avant le scrutin des chambres d'agriculture de janvier 2019. Le syndicat, qui avait gagné, en 2013, la deuxième place du paysage syndical agricole, affiche l'ambition de conquérir de nouveaux départements.

L ’ambition est affichée. « On part pour la gagne », a affiché Véronique Le Floc’h secrétaire générale de la Coordination rurale, lors du 25e congrès du syndicat, le 6 décembre à Vannes, dans le Morbihan. Dans chaque département, y compris dans les département d’Outre-mer – dont la première fois à la Réunion – le syndicat présentera une liste aux élections des chambres d’agriculture de janvier 2019 et vise la conquête d’une dizaine de départements.

« À chaque élection, nous progressons, a expliqué Bernard Lannes, son président. Nous entendons bien prouver notre représentativité syndicale  et avoir des représentants à l’APCA ». Reste l’incertitude du taux de participation, avec « un nombre croissant de désabusés qui ne croient plus à l’utilité des chambres d’agriculture ».

Alors que la régionalisation est engagée dans la plupart des chambres d’agriculture, la Coordination rurale plaide pour plus de proximité. « OK pour mettre en commun des services logistiques, mais les agriculteurs ont besoin de conseils au plus près et d’avoir accès à des services à prix coûtant. La gestion politique doit rester départementale », a poursuivi Bernard Lannes.

Encore et toujours défendre le revenu

Couleur oblige, la Coordination rurale affiche une certaine solidarité avec le mouvement des gilets jaunes. « Nous aussi, nous défendons le revenu du petit peuple, explique le leader syndical. Mais on ne veut pas faire de récupération politique. Le mouvement des gilets jaunes est, et doit rester asyndical. Beaucoup de nos adhérents ont participé à des actions en tant que citoyens. Ce mouvement a aussi été une occasion d’échanger avec nos concitoyens ».

Ceci dit, dans son discours de clôture, Bernard Lannes a invité les agriculteurs de la CR à « aller renforcer ce mouvement de la ruralité, avec votre gilet CR. Car la ruralité se meurt. Il n’y aura pas de ruralité sans artisans ni agriculteurs! »

Par ailleurs, sur le dossier du carburant, le syndicat plaide pour que les agriculteurs puissent obtenir les mêmes conditions que les marins, à savoir ne plus avoir à avancer ni TIPP, ni TVA.

Au-delà de l’échéance électorale professionnelle, la Coordination rurale ne change pas de credo « des prix, pas des primes  » et ce ne sont pas les suites des États généraux de l’alimentation qui rassurent le syndicat. « Le goulot d’étranglement de la répartition de la valeur ajoutée reste la grande distribution », a martelé Bernard Lannes, qui regrette le délai d’application de la loi. « C’est une loi qui ne va pas assez loin pour défendre les producteurs et leur revenu. Si on veut installer et renouveler les générations, il faudra bien lever ce problème du revenu », souligne Véronique Le Floc’h.

D’ailleurs, la Coordination rurale demande des États généraux de la coopération pour une réflexion de fond sur la gouvernance et le partage de la valeur ajoutée.

Lors du congrès, les interventions se sont aussi focalisées sur les questions européennes, avec la réforme de la Pac en cours de discussion. « Nous sommes convaincus de l’intérêt de l’Europe mais une Europe avec une vraie Pac, rappelle Bernard Lannes. La réforme qui se profile avec une baisse de budget et une renationalisation nous inquiète. Il faut un minimum de cohésion entre les politiques nationales sinon elle n’aura plus rien de commun cette Pac ». Le syndicat continue de plaider pour une exception agriculturelle. « La Norvège l’a bien fait », a témoigné Véronique Le Floc’h.