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Manifestations #Sauvetonpaysan

Emmanuel Macron répond aux agriculteurs


AFP le 23/10/2019 à 10:16
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« Macron, réponds-nous ! ». Les paysans ont fait entendre leur détresse mardi devant les préfectures, exprimant leur ras-le-bol de l'« agribashing » et demandant au chef de l'État de les défendre contre les maux qui affectent un secteur en crise d'identité et en crise économique, à l'appel de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs (JA). Depuis Mayotte, Emmanuel Macron a déclaré juger « inacceptables » les attaques contre les agriculteurs.

D’Arles à Epinal, de la Haute-Savoie à la Gironde, les paysans se sont rassemblés devant les préfectures de « 85 % des départements de France » selon les JA, pour interpeller, à travers elles, le chef de l’État, opérations de bâchage à l’appui, le hashtag #SauveTonPaysan en bandoulière. Le chef de l’État leur a répondu mardi soir depuis Mayotte en déclarant qu’il jugeait « inacceptables » les attaques contre les agriculteurs. « Notre pays s’est emparé d’une drôle de mode, en tous cas d’un drôle d’état d’esprit qui a consisté à pointer du doigt, voire à stigmatiser nos agriculteurs en disant qu’ils étaient les ennemis du bien-être animal, les ennemis de la bonne alimentation », alors même que « nous avons l’une des agricultures les plus exigeantes ». « On a besoin que les gens écoutent les agriculteurs, reprennent confiance en leurs agriculteurs et ça, ça passe par le chef de l’État qui doit dire « Stop, maintenant on arrête, on revient à l’apaisement » », avait déclaré plus tôt dans la journée Arnaud Gaillot, secrétaire général des JA, lors d’un point presse.

Outre les intrusions dans les élevages des militants antispécistes ou les pressions sur l’utilisation de produits phytosanitaires, avec la mise en place de zones de non-traitement (ZNT) de produits phytos, les agriculteurs déplorent, pour beaucoup, des revenus en berne, en partie à cause de la guerre des prix des acteurs de la grande distribution. Une situation que devait régler au moins partiellement la Loi Alimentation mise en place en début d’année, censée ramener du revenu dans les cours de fermes en rééquilibrant les relations commerciales entre paysans, industriels et distributeurs.

Souffrance économique et morale

« Nous demandons au ministre de l’agriculture de réunir les acteurs, notamment les 4 centrales de distribution pour leur dire : cette année, vous ne pouvez pas passer à côté, et contourner les outils de la loi alimentation », a déclaré Christiane Lambert lors d’un point presse de la FNSEA. « Nos agriculteurs, je sais l’état de souffrance économique, et parfois morale, dans laquelle ils sont. Trop d’entre eux n’arrivent pas à vivre de leur travail, et du prix payé (…) alors même qu’on leur demande d’investir », a assuré Emmanuel Macron depuis Mayotte. Mais le président a aussi rappelé que « les choses ne se font pas en un claquement de doigt (…) il faut que toutes les filières l’appliquent », et s’il y a des filières où « ça bouge », dit-il en citant le porc, il pointe au contraire la filière de la viande bovine « pas organisée ». Cette loi « ne porte pas assez ses fruits », avait pour sa part reconnu le ministre de l’agriculture, Didier Guillaume, sur LCI, ajoutant que « si ça ne fonctionne pas, il faudra prendre des décisions ».

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Il s’est dit toutefois « choqué » par le slogan des agriculteurs :  « On ne s’adresse pas au président de la République en disant « Macron, réponds-nous » ». « La FNSEA et les Jeunes agriculteurs canalisent le mécontentement, s’il n’y a pas cette canalisation, ce sera je pense beaucoup plus difficile et plus violent », a averti Christiane Lambert, qui a demandé aux agriculteurs de « s’impliquer d’avantage dans les conseils municipaux », avec les prochaines élections en ligne de mire.

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