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Forêts

Des syndicats de l’ONF attaquent en justice le contrat avec l’Etat


AFP le 29/06/2022 à 09:20

Cinq organisations syndicales de l'Office national des forêts (ONF) ont déposé un recours en justice demandant l'annulation du contrat liant l'ONF et l'État, qui prévoit la suppression de 500 postes d'ici à fin 2025, ont-elles indiqué lundi dans un communiqué.

Un nouveau contrat d’objectifs et de performances (COP) pour 2021-2025 – avec pour but le retour à l’équilibre financier -, proposé par l’État en juin dernier, a été signé le 22 avril par la direction de l’établissement public d’une part et les ministères chargés de l’agriculture, de la transition écologique et des comptes publics d’autre part.

« Par ce contrat, le gouvernement décide de supprimer 500 emplois supplémentaires à l’ONF d’ici à 2025. Pourtant le dérèglement climatique et le dépérissement des forêts vont nécessiter de plus en plus de travail : suivi sanitaire et renouvellement des peuplements forestiers », expliquent les syndicats signataires, dont le Snupfen Solidaires, syndicat majoritaire des agents du public de l’ONF.

Estimant que le contrat Etat-ONF est « de nature à amplifier gravement la dégradation des conditions de travail », cinq des huit syndicats représentés à l’Office ont déposé le 22 juin un recours devant le tribunal administratif de Paris visant à son « annulation ».

« Par leurs capacités exceptionnelles à stocker le carbone que nous émettons, à protéger la biodiversité et l’eau que nous buvons, nos écosystèmes forestiers sont et seront un des principaux amortisseurs des crises climatiques (…) Pourquoi réduire encore les moyens du service public en charge de les protéger notamment contre les incendies de plus en plus nombreux dans notre pays ? », demandent les requérants.

Ils rappellent que la Convention citoyenne pour le climat avait proposé d’augmenter les effectifs de l’ONF, qui en 20 ans, ont « subi près de 5 000 suppressions de postes », passant « de 12 866 personnels en 2000 à 7 963 en 2020 ».

« Souffrance des employés »

« Ces destructions massives d’emplois se sont accompagnées de réorganisations permanentes et d’une forte dégradation des conditions de travail », expliquent-t-ils, rappelant qu’ont été menés des audits externes, enquêtes internes et expertises indépendantes. En 15 ans, « ce sont plus de 50 personnels de l’ONF qui ont mis fin à leurs jours », affirment-ils.

« Tous les moyens à notre disposition ont été utilisés pour alerter sur la souffrance des employés. Ce n’est plus possible de ramasser les gens à la petite cuiller », a déclaré à l’AFP Philippe Canal, secrétaire général adjoint du Snupfen Solidaires.

L’ONF, dont la moitié des employés sont des fonctionnaires ou des contractuels de droit public, gère les 11 millions d’hectares de forêts publiques françaises. L’office est dans la tourmente depuis des années. La crise s’est encore accentuée ces derniers mois, avec le départ abrupt de son directeur général, Bertrand Munch, dont le gouvernement a mis fin aux fonctions le 31 mars.

C’est un mail du médecin de prévention de l’ONF, daté de mai 2021 et consulté par l’AFP, qui avait donné l’alerte. Ce dernier mentionnait des « témoignages répétés et concordants de la part de plusieurs membres de l’encadrement supérieur, faisant état d’un profond mal-être lié au comportement personnel du directeur général », en poste depuis le 6 janvier 2020.

Un comportement se traduisant, selon ces mêmes témoignages, par des faits « de maltraitance sourde et insidieuse, d’humiliation publique, mais aussi d’inattention ou d’incapacité de compréhension quant au fond des sujets professionnels ».

Le ministère de l’agriculture a justifié en mars ce changement de direction par la nécessité de franchir une « nouvelle étape pour l’ONF », qui devrait « faire appel à un haut manager-expert dans les champs de compétences de l’établissement ». Depuis, la direction est « toujours assurée en intérim » par le directeur général adjoint Olivier Rousset, a relevé le Snupfen Solidaires.