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En Lozère

Des panneaux à l’envers pour dénoncer une agriculture qui « marche sur la tête »


AFP le 16/11/2023 à 16:56

Avec des panneaux signalétiques « à l'envers » à l'entrée des villages, deux syndicats agricoles de Lozère ont protesté jeudi contre la carte des « prairies protégées », exemple selon eux d'une politique agricole qui « marche sur la tête ».

Depuis plusieurs jours, les panneaux indiquant le nom de certaines localités de ce département rural du centre de la France ont été retournés de 180 degrés, leurs lettres se retrouvant à l’envers, à l’initiative de la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA), a constaté un correspondant de l’AFP.

Jeudi, quelque 80 militants de ces deux syndicats agricoles ont défilé avec leurs tracteurs dans les rues de Mende, petite préfecture de Lozère, département qui compte à peine 75 000 habitants. Les manifestants ont également déposé un carré de deux mètres sur deux, découpé dans une « prairie sensible », devant l’entrée de la Direction départementale du travail (DDT) pour, ont-ils expliqué, « souligner comment un tout petit morceau de terre mal placé peut entraver gravement la vie quotidienne ».

Les prairies permanentes sensibles, particulièrement nombreuses en Lozère, sont des surfaces de terre situées dans des zones Natura 2000 et riches en biodiversité. L’exploitant doit conserver ces surfaces en prairies permanentes et ne peut ni les faucher ni les convertir en terres arables s’il souhaite continuer à bénéficier des aides Pac.

« La carte de ces prairies a été augmentée sans prévenir personne. En matière d’agriculture, on marche sur la tête », a critiqué le président des JA de Lozère, Hervé Boudon. « On bloque l’exploitation sur certaines terres qui nous sont indispensables, ce qui nous oblige à acheter du fourrage ailleurs. Alors que d’autres surfaces où poussent des orchidées rares ne sont pas classées en prairies sensibles », a pour sa part assuré son homologue de la FDSEA, Jean-François Maurin.

Les deux organisations syndicales lozériennes expliquent avoir proposé en vain au ministère de l’agriculture que la définition de ces zones à protéger se fasse de manière concertée, avec à la clé d’éventuels échanges de parcelles afin de conjuguer « intelligemment » préservation écologique et impératifs de la vie au pays.

Affirmant porter cette revendication depuis une dizaine d’années, ils n’ont pas demandé à être reçus par le préfet ou les représentants de l’administration. « Le message, ils le connaissent. C’est toute la politique agricole de la France qui marche sur la tête », ont dénoncé messieurs Boudon et Maurin.