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Prix des engrais

Décrue des prix : pourquoi, et jusqu’où ?


TNC le 07/12/2022 à 19:02
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Entre septembre 2021 et septembre 2022, le prix des engrais azotés a augmenté de 149 %. (©Pixabay)

Entre reprise de la production européenne, offre abondante et demande en retrait, les cours des engrais azotés étaient ces dernières semaines orientés à la baisse. Une situation qui risque de ne pas durer au vu de la remontée des prix du gaz.

Encore très hauts par rapport à fin 2020, les prix des engrais, notamment azotés, sont en décrue depuis quelques semaines. À 927,5 €/t le 9 septembre, l’urée départ port était descendue à 605 €/t le 2 décembre. Entre le 7 octobre et le 5 décembre, le prix de l’ammonitrate 33,5 % départ usine était passé de 975 €/t à 750 €/t. Dans les deux cas, les prix s’approchent de leurs niveaux de début octobre 2021.

Bien que toujours particulièrement élevés, les cours de l’urée sont en baisse depuis quelques semaines (©TNC)

Alors, pourquoi cette détente ? Les prix élevés et le manque d’offre ont mené à une destruction de la demande, contribuant à « apaiser la flambée des prix » au mois d’octobre, soulignait alors Marius Garrigue sur Terre-net. 

Le redémarrage progressif de la production d’ammonitrates en Europe a ensuite beaucoup joué. En octobre-novembre, les températures supérieures à la normale ont limité la consommation énergétique et permis de reconstituer les stocks communautaires de gaz, menant à une chute de ses prix : – 70 % entre fin août et mi-novembre. L’ammonitrate étant fabriqué à partir de gaz naturel, les usines européennes ont rouvert leurs lignes et relancé la production à coûts réduits.

Le retour de la Chine sur le marché export a contribué à « alourdir un peu plus l’offre mondiale », soulignait Marius Garrigue sur Terre-net le 7 novembre : « Les exportations chinoises d’urée et d’ammoniac ont enregistré une vive accélération durant le troisième trimestre, principalement à destination de l’Inde ». 

En parallèle de cette offre abondante, la demande reste en retrait, malgré les baisses tarifaires pratiquées par les exportateurs – notamment du Maghreb et du Moyen-Orient – pour déstocker leur production. Ainsi , « le dernier tender indien a révélé des offres particulièrement compétitives ; parmi les plus basses depuis près d’un an et demi ! », écrit Marius Garrigue le 1 er décembre.

L’évolution de la parité eurodollar a également pesé sur les prix des engrais azotés ces derniers jours : l’euro s’est renforcé face au dollar, ce qui a pour effet de réduire les coûts d’import et de stimuler l’arrivée de chargements dans les ports français, « accentuant la tendance ». 

Autre élément baissier à l’échelle mondiale : le 29 novembre, un navire affrété par le programme alimentaire mondial, transportant 20 000 tonnes d’engrais russes, a quitté les Pays-Bas à destination du Malawi. Ce devrait être le premier d’une longue série : les Nations unies ont annoncé que 260 000 tonnes d’engrais produits en Russie et stockés dans des ports et entrepôts européens en raison des sanctions, devraient être exportés dans les prochains mois.

L’Onu a par ailleurs annoncé fin novembre que les négociations avançaient quant à la reprise des exports d’ammoniac russe vers l’Union européenne.

Certains agriculteurs ont profité de cette baisse des prix pour passer aux achats :

L’embellie pourrait ne pas durer. Un appel d’offre indien d’urée est attendu ces jours-ci, et pourrait influencer les cours à la hausse. Surtout, «  les prix du gaz rebondissent avec les basses températures et la menace de nouvelles coupures d’approvisionnement en gaz russe », relèvent sur Twitter les experts de CRU fertilizers.

« La hausse du gaz et la baisse des prix des engrais signifient un retour à des marges négatives pour les producteurs européens d’engrais azotés. Cela conduira-t-il à une nouvelle flambée des prix mondiaux ? », interrogent-ils.

Pour suivre les évolutions des cours des matières premières agricoles, rendez-vous sur les cotations Agri Mutuel.