Accéder au contenu principal
Explosions au Liban 

Craintes pour la sécurité alimentaire du pays


AFP le 06/08/2020 à 10:11

Après les explosions mortelles mardi dans le port de Beyrouth, qui ont aussi éventré les silos de céréales, l'Agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) craint « à brève échéance, un problème de disponibilité de farine ».

« J’ai reçu un très court message du responsable de la FAO à Beyrouth : en effet, on craint qu’une grande quantité des réserves de blé sur le port ait été affectée ou détruite par l’explosion. Les stocks sont gravement endommagés », a déclaré le responsable des urgences de la FAO, joint par l’AFP depuis Paris mercredi matin. « Et on craint d’avoir à assez brève échéance un problème de disponibilité de farine pour le pays », a-t-il ajouté.

Une autre source onusienne a confirmé à l’AFP dans l’après-midi que le silo national libanais avait été « complètement détruit » dans l’explosion, et que les réserves de grains qu’il contenait étaient désormais « inutilisables » pour la consommation.

Néanmoins, les silos nationaux ne contenaient que quelque 15 000 tonnes de blé pour une capacité de 120 000 tonnes, a souligné un média spécialisé des émirats.

Le ministre de l’économie Raoul Nehmeh a affirmé que le Liban « disposait de réserves suffisantes pour un peu moins d’un mois » et qu’il n’y avait « pas de craintes immédiates de pénurie », a tempéré la source onusienne. Selon lui, « trois bateaux chargés de 28 000 tonnes de blé sont actuellement à l’approche du Liban ». « Ce que nous devons faire, c’est trouver d’autres moyens de stockage, silos ou entrepôts plus petits ».

Le Liban, qui ne produit que 10 % à 15 % de sa consommation annuelle de blé, dépend énormément des importations, dont plus de la moitié proviennent d’Ukraine et de Russie, a-t-il ajouté. « Il y avait un problème de sécurité alimentaire au Liban avant l’explosion, dû à la crise économique, à la disparition de la classe moyenne, les prix ont augmenté en flèche alors que le pouvoir d’achat s’effondrait, mais il n’y a pas de problème de disponibilité », a-t-il précisé.

Les prix des produits alimentaires de base avait déjà grimpé en flèche, la hausse atteignant les 109 % entre septembre et mai, selon le Programme Alimentaire mondial (PAM), autre agence de l’ONU.

La FAO prévoit de lancer un projet pilote de distribution de bons d’achat à des agriculteurs afin de leur permettre d’avoir accès à des semences et intrants pour la prochaine campagne agricole.