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Bien-être animal

Bruxelles fera une proposition d’ici 2023 pour interdire l’élevage en cage


AFP le 30/06/2021 à 16:02
Layer Chicken Business

(©Getty Images)

La Commission européenne, poussée par une initiative citoyenne largement soutenue, s'est engagée mercredi à présenter d'ici 2023 une proposition législative visant à interdire l'élevage en cage dans l'UE, texte qui sera ensuite négocié entre eurodéputés et Etats membres. [Article mis à jour le 01/07/2021 à 11h40]

Une « initiative citoyenne européenne » demandant la fin de l’élevage en cage avait recueilli près de 1,4 million de signatures dans toute l’UE au moment de son enregistrement en septembre 2018. Dès que la barre du million de signatures est atteint, la Commission doit décider d’une action à entreprendre. Six initiatives de ce type ont déjà réussi.

L’exécutif européen a indiqué mercredi « répondre de manière positive », s’engageant à présenter d’ici deux ans une proposition législative en l’intégrant aux textes sur le bien-être animal (transport, élevage…) en cours de révision. Sa proposition visera à supprimer progressivement l’utilisation de systèmes de cages pour les poules pondeuses, les truies et les veaux, mais aussi lapins, poulets, cailles, canards et oies.

Bruxelles lancera une consultation publique sur son projet au plus tard début 2022 et « évaluera la faisabilité d’une entrée en vigueur » en 2027. La proposition devra ensuite être discutée par le Parlement européen et par les Etats membres, qui devront négocier ensemble un compromis. Les eurodéputés, dans une résolution, avaient déjà plaidé le 10 juin pour une suppression progressive de l’élevage en cage des animaux d’ici 2027, demandant aussi d’interdire le gavage des canards et oies pour la production de foie gras — une question que la Commission n’a pas abordée mercredi.

« Nous sommes au début d’un processus qui prendra du temps », mais « l’objectif final est limpide : un environnement sans cages pour des millions d’animaux, au bénéfice de tous », a déclaré la commissaire à la Santé, Stella Kyriakides, devant la presse. « Le bien-être animal n’est pas seulement une question éthique, cela améliore la santé des animaux, la résistance aux microbes (et réduit donc l’usage d’antibiotiques) ainsi que la qualité des aliments », a-t-elle fait valoir.

La Commission promet des « mesures de soutien spécifiques » pour « faciliter une transition économiquement viable », notamment via la nouvelle Politique agricole commune (Pac). Selon les eurodéputés, les lapins sont les animaux les plus couramment élevés en cage, dont 85 % sont rudimentaires, les empêchant d’avoir un comportement naturel.

Environ la moitié des poules pondeuses de l’UE sont élevées dans des cages aménagées, tandis que la majorité des truies sont mises en cage à certains moments de leur vie. L’élevage en cage est déjà interdit dans l’agriculture biologique dans l’ensemble de l’UE.

L’ONG CIWF, qui dénonce les méfaits de l’élevage industriel, a salué « une immense victoire ». « Les prochains mois seront décisifs pour obtenir des actions concrètes, nous serons vigilants », a ajouté Léopoldine Charbonneaux, la directrice en France de cette organisation qui a mobilisé les citoyens avec quelque 170 autres ONG européennes.

De son côté, la puissante fédération des syndicats agricoles majoritaires européens (Copa-Cogeca) a estimé que l’approche de la Commission était « pertinente pour le marché intérieur », sous réserve de « ne pas oublier la complexité des investissements et des efforts » requis. Cette organisation a toutefois regretté « le nombre limité des propositions concernant le commerce international ». « Les agriculteurs sont prêts à faire davantage en termes de bien-être animal mais (ces normes) doivent être respectées pour tous les produits vendus dans l’UE », y compris importés de pays tiers, a-t-elle averti.