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Biodiversité

Bilan a minima pour le plan national sur la biodiversité


AFP le 03/07/2019 à 11:01

Un an après la présentation en grande pompe par le gouvernement d'un plan pour préserver la biodiversité, un bilan a minima a été présenté mardi, des ONG jugeant les avancées insuffisantes

Le 4 juillet 2018, Edouard Philippe et Nicolas Hulot, alors ministre de la transition écologique, présentaient 90 actions pour s’attaquer à la disparition accélérée des espèces et des espaces naturels à cause des activités humaines. « Nous sommes bien décidés à prendre cet enjeu à bras le corps », promettait alors le Premier ministre. Les mesures présentées balayaient un vaste champ : lutter contre l’étalement urbain avec un objectif de zéro artificialisation nette des sols (sans échéance fixée), éviter tout rejet de plastique en mer d’ici 2025, chercher des alternatives aux produits phytosanitaires, rémunérer les agriculteurs pour qu’ils restaurent des zones de refuge pour la nature, végétaliser les villes, inciter les entreprises à réduire leur impact sur la biodiversité, développer des aires protégées, mieux protéger les espèces menacées, sensibiliser les citoyens aux enjeux de protection de la nature et la défendre à l’échelle internationale…

Entretemps, le groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité (IPBES) a dressé un tableau glaçant du déclin des espèces et de la biodiversité à travers la planète, qui menace la survie de l’humanité même. Dans la foulée, le président Emmanuel Macron annonçait une série d’actions en faveur de la biodiversité. Mais quel bilan un an après la présentation du plan biodiversité ? 90 % des mesures ont été engagées, selon le ministère. Ce plan, pensé pour la période 2018-2021, préfigure la nouvelle stratégie nationale pour la biodiversité pour la prochaine décennie. Le ministère rappelle les annonces présidentielles de porter la part des aires marines et terrestres protégées à 30 % du territoire d’ici 2022 (contre 20 % actuellement), dont un tiers « protégées en pleine naturalité », ou encore de lutter contre le gaspillage alimentaire au niveau « des écoles, des restaurateurs et des distributeurs ». En France, près d’un tiers de la nourriture est gaspillée. Emmanuel Macron avait aussi répété l’objectif de sortir du glyphosate en 2021 et de réduire les produits phytosanitaires de 50 % en France d’ici 2025, un objectif resté vœu pieux par le passé.

« Changement de société »

La création en 2020 de l’Office français de la biodiversité (OFB) s’inscrit aussi dans cette démarche, fait valoir le ministère. « C’est déjà une bonne chose qu’on ait un plan au niveau national », juge Bernard Cressens, président de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) France. « On va dans le bon sens mais on ne va pas assez vite », ajoute-t-il, prônant « un changement de société ». Quatorze ONG de défense de l’environnement ont une toute autre lecture que le ministère. Elles ont évalué 80 des mesures : moins de 20 % sont jugées abouties et bénéficient d’un « smiley » vert pour satisfaisant, 55 % d’un orange « pas satisfaisant » et un peu plus de 25 % d’un rouge « inacceptable »… « Notre groupe (…) n’a pas été sollicité pour travailler avec le ministère sur ce plan biodiversité comme il conviendrait », a regretté Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Les sources d’insatisfaction sont diverses. Pour la LPO, les modalités de la nouvelle gestion des espèces chassables ne va pas dans le bon sens. « La France a le chic pour inverser les concepts : la gestion adaptative devient « comment on peut faire quand une espèce va mal pour continuer à prélever » », a ironisé Allain Bougrain-Dubourg. En France, des espèces vulnérables peuvent être chassées, comme la tourterelle des bois. « Il y a une vingtaine d’évolutions du droit de l’environnement qui fragilisent le droit lui-même », a dénoncé pour sa part Jean-David Abel, de France nature environnement (FNE). S’il salue les promesses du gouvernement d’agrandir les aires protégées, il regrette « des intentions mais pas de moyens ». Concernant la lutte contre le plastique, si les objectifs sont très ambitieux, « on n’y est pas du tout », pour Diane Beaumenay de Surfrider.