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C. Naudin, paysan-directeur d'Hectar

« Ne pas concurrencer l’enseignement agricole, mais être complémentaires »


TNC le 07/10/2021 à 06:02
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La ferme pilote d'Hectar entame une double démarche : transition vers l'agriculture biologique et vers l'agriculture régénératrice. (©Hectar et Benoît Drouet)

L'équipe du campus agricole Hectar, qui a ouvert ses portes en septembre dernier et qui inquiète une partie du monde agricole, s'agrandit. Agriculteur originaire de l'Essonne, Christophe Naudin vient notamment d'être nommé « paysan-directeur » de la ferme pilote. Il nous en dit plus sur ses objectifs.

À 39 ans, Christophe Naudin rejoint l’équipe d’Hectar, campus agricole fondé par Audrey Bourolleau et Xavier Niel, dirigé par Francis Nappez. Agriculteur en Essonne, il prend ainsi la responsabilité de la ferme pilote de 250 ha en polyculture-élevage bovin, située dans les Yvelines au cœur du Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse. 

Complémentaire avec l’enseignement agricole ? 

Avec cette ferme pilote, les équipes d’Hectar entendent contribuer à « faire avancer l’agriculture. Tous les résultats d’essais, qu’ils soient bons ou mauvais, seront diffusés », indique Christophe Naudin. 

L’annonce en début d’année de l’ouverture de l’école Hectar avait fait réagir dans le milieu agricole. En effet, beaucoup d’agriculteurs et d’organisations professionnelles se disaient inquiets de l’orientation de l’enseignement dispensé, en sachant que le financement de l’école est assuré par Xavier Niel, fondateur de l’opérateur Free qui a initié le référendum pour les animaux en 2020, et est l’un des actionnaires de la première usine française de substituts végétaux de viande.

Pour Christophe Naudin, agriculteur ayant lui-même suivi une formation agricole traditionnelle au Lycée agricole Le Chesnoy (Loiret) puis un Bac Pro et un Bepa au Lycée agricole de Chartres – La Saussaye (Eure-et-Loir), l’idée n’est pas de « concurrencer l’enseignement agricole, mais d’être complémentaires ». Les sessions de formation, qui ont démarré en septembre, s’adressent surtout à « des porteurs de projet pour confronter leur projet à une réalité, voir la réalité des choses sur le terrain et les accompagner à construire le projet…  ».

« Construire l’agriculture d’après-demain »

Parmi les défis annoncés, Christophe Naudin devra notamment « accompagner la ferme pilote dans sa double démarche en transition bio et agriculture régénératrice (agriculture ABC) […]. Plus d’une dizaine de cultures sont déjà lancées, parmi lesquelles le blé, l’orge, le chanvre ou le lin, tandis qu’un troupeau de 60 vaches élevées en plein air toute l’année (pâturage tournant dynamique) se déploie en prévision d’une production laitière destinée à fabriquer fromages et yaourts bio sur place (à commercialiser en circuit court en Île-de-France) », précise le communiqué d’annonce. 

Pour Christophe Naudin, qui s’est lancé dans l’agriculture de conservation des sols depuis son installation sur la ferme familiale en 2013 et qui a été engagé pendant plusieurs années au sein de l’Apad (Association pour la promotion d’une agriculture durable, c’est l’opportunité de « prolonger une démarche déjà initiée », témoigne-t-il. « J’ai toujours cherché à améliorer mes pratiques agricoles. On le sait désormais, respecter au maximum la vie du sol, c’est choisir une agriculture active dans la lutte contre le changement climatique. Chez Hectar, je peux aller encore plus loin ». L’idée : « construire peut-être pas l’agriculture de demain, mais celle d’après-demain ».

Et concilier agriculture biologique et agriculture régénératrice, est-ce vraiment possible ? « C’est un gros défi ! reconnaît le paysan-directeur. Mais on a des outils supplémentaires : notamment les animaux, pour la gestion des couverts et le pâturage, ainsi que le numérique, l’intelligence artificielle, la robotique… Ce sont tous ces outils-là qu’on va essayer de combiner pour trouver et partager des solutions concrètes aux défis qui nous attendent. » Affaire à suivre donc !