Accéder au contenu principal
Derniers vœux de Stéphane Le Foll

« Malgré les coups et les critiques, on a permis des avancées significatives »


Politique et syndicats le 25/01/2017 à 18:25
i-6585

Recordman de la longévité à son poste de ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll a dressé, lors de ses vœux aux parlementaires et à la presse mardi 24 janvier 2017, le bilan de « toutes les avancées obtenues pour le monde agricole mais dont on ne parle pas ». La succession des crises et des critiques des professionnels agricoles lui laisseront un goût un peu amer.

« Cinq ans au ministère de l’agriculture, ça pose son homme ! » comme s’en est amusé lui-même Stéphane Le Foll, lors de la présentation de ses vœux aux parlementaires et à la presse mardi 24 janvier 2017. Installé à l’hôtel de Villeroy rue de Varenne, là où se situe le ministère, depuis le 16 mai 2012, le Sarthois est devenu le 1er octobre le recordman de la longévité à ce poste. « Pas seulement de la 5e République ! Mais aussi de la 4e et de la 3e ! ». En fait, personne n’a été ministre de l’agriculture aussi longtemps que lui depuis la création du ministère en 1836.

A quelques mois de la quille, devant quelques dizaines de parlementaires, dont Germinal Peiro et Robert Hue, et de journalistes, Stéphane Le Foll a d’abord voulu rappeler son bilan en énumérant « toutes les avancées qui ont été faites et dont on ne parle pas ». Parmi elles, on peut citer les « modifications de la DPA pour la rendre plus attractive », la « défiscalisation des dons de lait, d’œufs ou de volailles », la reprise par la MSA de la branche accidents du travail (Atexa), les dispositions des lois Hamon et Sapin 2 pour améliorer les relations commerciales, ou encore celles pour mieux encadrer la gestion du foncier.

« Personne ne parle de ces avancées mais elles sont bien là », a insisté le ministre, avant d’évoquer plus longuement la réforme de la Pac qu’il a négociée en 2013. « La France a défendu le verdissement de la Pac, le paiement redistributif ou encore la pleine reconnaissance des Gaec. » Des avancées majeures selon lui.

Mais en parallèle de ces enjeux plus ou moins cruciaux, « il y a le projet agro-écologique », la ligne politique que le ministre a défendue pendant cinq ans. Pour le ministre, c’est en défendant un cap global « qu’on obtient les meilleurs résultats » et non « en s’attaquant à quelques symboles ». « Les CEPP sont le meilleurs outil pour faire avancer les choses dans le bon sens à moyen terme », illustre-t-il. Le ministre n’est pas peu fier d’atteindre aussi l’objectif d’une « validation d’environ 400 GIEE ». « Ces initiatives collectives permettent de trouver des solutions sur le terrain ».

Le ministre défend aussi sa position pour mettre en avant la « triple performance des exploitations ». « Lorsque vous faites de l’économie, vous êtes accusé de ne pas tenir compte de l’environnement, et quand vous faites de l’écologie, vous êtes accusé de ne pas tenir compte de l’économie des exploitations » explique-t-il, avant d’avouer devant quelques journalistes qu’il aurait « aimé avoir le ministère de l’environnement ou [celui] du travail ».

« Regardez la question de l’antibiorésistance. Grâce à nos efforts, on constate déjà une baisse de 25 % de l’usage des antibiotiques », argumente-t-il encore.

Mais Stéphane Le Foll n’oublie pas « les coups » qu’il a pris durant cinq ans. « J’ai beaucoup souffert, j’ai pris beaucoup de coups », constate-t-il non sans une certaine amertume. « C’est vrai, c’est difficile de vendre des mesures qui passent mal et de faire face à une certaine inertie culturelle et sociale. »

Bon nombre d’agriculteurs peuvent légitimement l’accuser de ne pas avoir fait plus, et plus vite, pour les aider à surmonter la crise agricole. Ceci dit, jamais un ministre de l’agriculture n’a eu à gérer autant de difficultés économiques et de crises sanitaires.

Le ministre de l’agriculture garde un goût amer de ses relations avec le syndicalisme majoritaire, et se rappelle du dernier congrès de la FNSEA, « où j’ai été sifflé pendant les 35 minutes de mon discours alors que, par conscience professionnelle, j’avais accepté la sollicitation du syndicat malgré les vives critiques ». Mais ce mauvais moment du congrès de la FNSEA à Laval n’est pas le « pire » qu’il retiendra de ces cinq ans.

« Mon pire moment ? C’est le dernier salon de l’agriculture ». L’an dernier, le ministre et François Hollande se sont fait siffler et insulter à maintes reprises, avant que le stand du ministère ne soit démonté par des agriculteurs FDSEA et JA d’Ile-de-France.

Et la suite ? « Pour la première fois, je ne sais pas ce que je ferai après », explique Stéphane Le Foll qui compte se battre « pour conserver [sa] place de député ». En attendant la Présidentielle 2017, le ministre entend poursuivre son action en faveur du même cap agro-écologique. « On va continuer sur la bioéconomie, l’économie de la photosynthèse ». « Le végétal a trois grandes destinations : l’alimentation évidemment, l’énergie et les produits biosourcés comme les plastiques ou les polymères d’origine végétale ». A l’instar des logos « viandes de France » de plus en plus apposés sur les viandes, le ministre compte dévoiler d’ici le prochain salon de l’agriculture un logo sur la bioéconomie pour la mettre en avant et la valoriser.