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Accord commercial UE/Mercosur

« Malaise » de Dublin, inquiet pour son bœuf


AFP le 13/06/2019 à 18:15

L'Irlande a exprimé à la Commission européenne son « grand malaise » sur l'évolution des discussions sur un accord commercial UE/Mercosur, qui pourrait saper « les secteurs agricoles les plus vulnérables », notamment son bœuf, dans un courrier dont l'AFP a pris connaissance jeudi.

« C’est avec une inquiétude croissante que j’ai suivi l’évolution récente des négociations entre l’UE et le Mercosur, et ce qui semble être la perspective croissante d’un accord déséquilibré, qui sapera les secteurs agricoles les plus vulnérables de l’UE dans un avenir très proche », écrit le ministre irlandais de l’agriculture, Michael Creed, dans cette lettre datée du 7 juin et adressée au commissaire européen Phil Hogan, en charge des questions agricoles.

« Ces négociations ont évolué d’une manière qui a suscité un grand malaise de la part de l’Irlande et d’autres États membres quant à leurs conséquences potentiellement très négatives pour l’agriculture de l’UE et pour (…) la viande bovine en particulier », ajoute-t-il. Michael Creed juge « impératif qu’aucune autre concession ne soit faite en ce qui concerne la viande bovine » dans les prochaines discussions avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay).

Interrogée sur ce courrier, la Commission s’est refusée à tout commentaire. Les négociations sur cet accord, qui serait le plus important du monde, sont redoutées par les producteurs de viande européens, notamment en France, où le premier syndicat agricole FNSEA s’inquiète de ses « conséquences catastrophiques ».

À plusieurs reprises, l’UE et le Mercosur, qui discutent depuis 20 ans, avaient déclaré être proches d’un accord final sans y parvenir. Dans une déclaration avec son homologue argentin Mauricio Macri, le président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro a récemment jugé la signature de l’accord « imminente ». Mais la Commission avait affirmé dans la foulée qu’il « restait encore du travail à faire ».

Les Sud-Américains espèrent conclure les discussions avant la présidentielle argentine du 27 octobre, car la réélection de M. Macri est loin d’être acquise, et ils redoutent qu’un accord soit impossible en cas de victoire de l’opposition, peu favorable au libre-échange. La commissaire européenne au Commerce Cecilia Malmström croit elle possible une conclusion avant la fin de cette Commission le 31 octobre.