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Congrès de l’OPL à Bagnoles-de-l’Orne

« L’urgence d’obtenir des prix rémunérateurs pour sauver la ferme laitière »


TNC le 05/04/2019 à 16:54
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Réunis en congrès à Bagnoles-de-l’Orne, en Normandie, les éleveurs de l’OPL, la branche laitière de la Coordination rurale, s’inquiètent de la démographie du secteur. Pour Véronique Le Floc’h, présidente du syndicat, il ne s’agit plus de produire coûte que coûte « pour satisfaire les industriels », mais « d’obtenir des prix rémunérateurs que les États généraux avaient promis, sans succès ». « Il y va du modèle laitier familial français. »

L’OPL – Organisation des producteurs de lait – la section laitière de la Coordination rurale, tenait son congrès jeudi 4 avril 2019 à Bagnoles-de-l’Orne. Alors que, depuis 2017, plus de la moitié des éleveurs laitiers ont dépassé l’âge de 50 ans, l’OPL s’inquiète des conséquences à moyen terme du non-renouvellement des chefs d’exploitation pour la ferme laitière française. « Au rythme actuel des départs en retraite sans successeurs, la ferme laitière perdra un quart de ses exploitations d’ici 2025 », argumente Véronique Le Floc’h, présidente du syndicat. Il est plus qu’urgent d’anticiper cette question.

« Entre 2010 et 2016, la ferme laitière a perdu chaque année plus de 1 000 élevages et plus de 2 000 non-salariés spécialisés en lait. Dans le même temps, la filière n’a créé que 80 emplois salariés par an dans les exploitations. Si on continue ainsi, en 2025, on va perdre un quart des exploitations laitières spécialisées, soit environ 11 000 fermes. Il n’en restera plus que 30 000 », chiffre la syndicaliste.

Outre le développement de « crédits transmission », une « fiscalité plus incitative » et un « financement de la transmission sur des plus longues durées », « le prix du lait payé aux éleveurs reste la clé pour réussir les transmissions », estime-t-elle.

« On vient de sortir des États généraux de l’alimentation qui ont décrété qu’il fallait tenir compte des coûts de production. Pourquoi devrions-nous nous asseoir dessus encore une fois ? Pourquoi devrait-on se plier aux désideratas des industriels ? Ces mêmes industriels investissaient sur des périodes de 10 à 12 ans. Aujourd’hui, les outils industriels sont financés sur des périodes n’excédant pas 5 ans. Tout cela se fait grâce aux marges brutes dégagées parce qu’ils ne rémunèrent pas correctement les producteurs. »

Avec au moins 10 000 fermes laitières en moins d’ici 2025, « les volumes libérés doivent-ils être tous produits dans ce contexte contraint de main-d’œuvre ? » s’interroge l’OPL. « La priorité numéro un, pour un producteur, ne doit pas être de faire du volume coûte que coûte, mais d’avoir un prix rémunérateur ! Or cette course au volume a toujours été cautionnée par le syndicalisme majoritaire, plus soucieux de la saturation des outils industriels que de la rémunération des éleveurs. »

Au-delà du prix, la question de la structuration de la filière laitière et du rapport de force entre éleveurs, transformateurs et distributeurs, reste entière. « Sur cette question, il faut aller plus vite et plus loin », insiste Véronique Le Floc’h. Les organisations de producteurs devront, à terme, reprendre la collecte et la facturation. En Allemagne, les OP à l’échelle de bassins de production ne suffisent pas à donner plus de pouvoir aux producteurs. En France, les OP doivent se regrouper en AOP pour peser davantage face aux industriels. » L’OPL réclame aussi la création d’OP au sein même des coopératives, « à l’instar des OP verticales », pour que les coopérateurs puissent aussi se regrouper pour défendre leurs intérêts face à ceux, divergents, de certaines coopératives. »

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