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Avant une nouvelle manifestation

« Bassines » : la justice poursuit le porte-parole des opposants


AFP le 18/03/2023 à 11:19

Cinq mois après une manifestation contre les « bassines » dans les Deux-Sèvres émaillée de violences, la justice a engagé des poursuites, vendredi, contre le porte-parole d'un collectif d'opposants en lui interdisant de participer au prochain rassemblement prévu dans une semaine.

Selon le parquet de Niort, Julien Le Guet a été placé en garde à vue vendredi matin par les gendarmes « dans le cadre des enquêtes ouvertes suite au mouvement des 29 et 30 octobre 2022 ». À l’issue, il a été déféré devant un magistrat qui l’a convoqué le 8 septembre devant le tribunal.

D’ici au procès, le juge des libertés et de la détention a pris une mesure de contrôle judiciaire qui interdit à Julien Le Guet de se rendre sur les communes de Sainte-Soline et de Mauzé-sur-le-Mignon, où une nouvelle manifestation est annoncée le 25 mars par les opposants aux « bassines », des réserves d’eau destinées à l’irrigation agricole et contestées.

Cette manifestation a par ailleurs été interdite vendredi par la préfecture des Deux-Sèvres. La précédente, fin octobre, avait réuni plusieurs milliers de personnes et donné lieu à des affrontements avec les forces de l’ordre, ainsi qu’à la dégradation d’une installation d’irrigation.

La justice reproche principalement au porte-parole du collectif « Bassines non merci » − organisateur de ces rassemblements avec un syndicat agricole, la Confédération paysanne, et le mouvement écologiste des Soulèvemens de la Terre − des faits de « participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens ».

16 retenues d’eau en projet dans les Deux-Sèvres

Cinq personnes avaient été interpellées pour des faits similaires lors de la manifestation du 29 octobre à Sainte-Soline. Le 28 novembre, le tribunal correctionnel de Niort les a condamnées à des peines allant de deux à trois mois de prison avec sursis. À sa sortie du tribunal, Julien Le Guet a estimé que « la préfecture, en accord et en collusion avec le procureur, mont(ait) des opérations qui visent » à « intimider très clairement » les manifestants.

« Moi, je prends ça comme un large encouragement pour que nous soyons de dizaines de milliers le 24, 25, 26 mars », a-t-il lancé sous les applaudissements d’une centaine de personnes. « Ce n’est pas de l’intimidation, c’est une réponse aux infractions qui lui sont reprochées et aux menaces qu’il a proférées », a déclaré à l’AFP le procureur de Niort Julien Wattebled. « Appeler à venir avec des outils pour commettre des dégradations, c’est une infraction », a souligné le magistrat, précisant que « les investigations » concernant M. Le Guet « s’étaient poursuivies et étaient arrivées au bout ». 

Seize retenues d’eau d’une capacité de plusieurs centaines de milliers de mètres cubes doivent être construites dans les Deux-Sèvres, dont une fonctionne déjà à Mauzé-sur-le-Mignon et une autre est en chantier à Sainte-Soline. Élaboré par un groupement de 400 agriculteurs avec le soutien de l’Etat, ce projet vise à rendre disponible de l’eau pour l’irrigation durant l’été, grâce au pompage des nappes phréatiques superficielles en hiver, en échange d’engagements écologiques.

Ses détracteurs dénoncent un « accaparement de l’eau » destiné à l’« agro-industrie ». Au total, 93 réserves de substitution sont en projet dans l’ex-région Poitou-Charentes et font actuellement l’objet de recours déposés par des opposants, selon un collectif d’associations.