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Viticulture

100 000 emplois menacés en raison des taxes Trump


AFP le 24/02/2020 à 14:17

Quelque 100 000 emplois sont menacés en France à terme si aucun fonds de compensation n'est mis en place rapidement pour soutenir la filière viticole, empêchée d'exporter par des taxes « injustes » aux États-Unis, ont alerté les responsables du secteur lundi au salon de l'agriculture.

« C’est toute l’économie des campagnes françaises qui va se trouver à mal si la viticulture souffre : si rien n’est fait face aux taxes américaines, on risque 100 000 emplois directs et indirects de moins » a déclaré Jean-Marie Barillère, président du comité national des interprofessions des vins à appellations et indications géographiques (CNIV), lors d’une conférence de presse au Salon de l’agriculture à Paris.

La filière viticulture française emploie directement ou indirectement 500 000 personnes en France. L’administration Trump a appliqué le 18 octobre des droits de douane de 25 % sur les vins français, espagnols et allemands de moins de 14 degrés, en représailles au traitement préférentiel que l’UE accorderait à Airbus. Depuis, les exportations de vins français vers les États-Unis, leur premier marché étranger, ont chuté de façon spectaculaire (- 30 % en moyenne), a dit Jean-Marie Barillère.

Lors de sa visite au salon samedi, le chef de l’État a indiqué qu’il avait « compris l’urgence », a souligné Jean-Mari Barillère. Emmanuel Macron a pris l’engagement de porter auprès de l’Union européenne la demande d’un fonds de compensation de 300 millions d’euros, demandée par les viticulteurs, de façon à ce qu’il puisse être mis en place « d’ici le printemps ». « Mais nous ne pouvons pas attendre mai ou juin », a fait valoir Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vins et cidres de France AgriMer, qui souhaite une « réponse immédiate et appropriée ».

« Les metteurs en marché vont acheter leurs vins ailleurs, nous perdons des parts de marché qu’il sera très difficile de retrouver », a souligné Jean-Marie Barillère. La filière s’inquiète aussi de la gestion des volumes de vin qui ne seront pas exportés pour les sorties de chais avant les prochaines vendanges. « Il y a des victimes, ce sont les viticulteurs, et derrière, toute une économie (distribution, restauration, etc.. NDLR) et il y a deux coupables, ce sont l’État français et Airbus », a accusé Bernard Farges, viticulteur dans le Bordelais et président de la CNAOC (Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie de vin à Appellations d’Origine Contrôlées) qui représente les vins AOP. Pour lui, la France a été sanctionnée « pour ses subventions illégales à Airbus », et « ce sont les campagnes et la filière viticole qui sont punies ». « Il faudrait être sûr que les aides à Airbus sont arrêtées », a-t-il estimé.