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Fourrage

Le maïs en bio : un non sens ?


TNC le 21/06/2021 à 09:32
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Le tout à l’herbe n’est pas la seule voie possible pour les éleveurs bovins en agriculture biologique. Le maïs a pour avantage de sécuriser les stocks hivernaux et de maintenir la production laitière.

« Si les systèmes tout herbe ont souvent la cote dans les exploitations bio, il peut être intéressant de garder du maïs dans l’assolement pour bénéficier de ses atouts pour l’alimentation animale », explique Maddalena Moretti, conseillère en agriculture biologique lors d’un webinar organisé par Littoral Normand.

 Avantages Inconvénients 
Agronomiques 
  • Plante qui produit beaucoup de biomasse l’été
  • Permet d’optimiser la gestion de l’azote
  • Présence d’une interculture avant maïs qui limite les lixiviations
  • Facilite la gestion des adventices 
  • Besoin d’eau en été 
  • Ravageurs : plus encore en bio, car les parcelles sont semées plus tardivement qu’en conventionnel
  • Récolte tardive, avec risque de dégrader la structure du sol et rend difficile l’implantation d’interculture
  • Coût de la semence élevé 
Alimentation animale 
  • Sécurise le stock de fourrage d’hiver
  • Fourrage appétant
  • Possibilité de récolte en grain ou ensilage
  • Densité énergétique proche des besoins des vaches laitières 
  • Fourrage déséquilibré en azote
  • Besoin de correcteur azoté si apport supérieur à 5 kg/VL/J
  • Faible teneur en minéraux et oligoéléments 

L’implantation du maïs dans une rotation doit être réfléchie. Il est possible de faire un maïs derrière une prairie, il optimisera ainsi le reliquat azoté, surtout si la prairie contenait des légumineuses. Il est alors conseillé de maintenir la prairie jusqu’au début du printemps pour éviter la lixiviation de l’azote durant l’hiver.

Le choix du maïs doit s’inscrire dans une rotation cohérente.

Pour les rotations comprenant des cultures de vente, on implante généralement le maïs après un blé. C’est l’opportunité d’implanter une interculture. Le choix de l’interculture dépendra des intentions de l’éleveur. Elle peut servir à augmenter les stocks de fourrage, ou venir améliorer les caractéristiques du sol. Le trèfle blanc, implanté au mois de mars, lors du dernier désherbage du blé, correspond à un bon piège à azote, et est peu onéreux. Implanter un trèfle blanc à raison de 5 kg/ha coûte entre 30 et 40 €, et permet de restituer jusqu’à 160 U d’N/ha.

Un semis dense pour éviter la concurrence

Le maïs bio est semé à une densité de 90 000 à 100 000 grains/ha sur un sol bien réchauffé, car il doit démarrer vite. La phase de levée est celle durant laquelle il est le plus sensible. Comme la culture se sème tard, elle a de nombreux avantages pour la gestion des adventices. Il est possible de déchaumer ou scalper les parcelles en mars ou avril, voire d’effectuer des faux semis pour réduire la pression adventice. Si les parcelles ne sont pas propres, le binage peut ensuite intervenir.

Témoignages d’éleveurs 

Mathieu Grenier, agriculteur dans le Pays de Caux, installé en Bio depuis 10 ans a testé la culture du maïs. « J’ai longtemps fonctionné avec de l’ensilage d’herbe et de maïs, mais j’ai dû arrêter à cause des corbeaux. Je passais trop de temps à ressemer ou à surveiller les cultures, sans compter le salissement du champ dans les zones mangées. Il n’empêche que c’était un bon aliment complémentaire à l’herbe qui permettait de maintenir la production de lait en hiver ».

Hubert Genty, agriculteur Bio dans le Pays de Bray a quant à lui adopté le maïs pour ses 60 vaches laitières. Il estime qu’il permet de maintenir l’apport en énergie durant la période hivernale. « C’est une culture simple à réaliser et à désherber, d’autant plus que je n’ai pas de problèmes de corbeaux » souligne l’agriculteur.