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Académie d'agriculture de France

Graves dérèglements climatiques et production agricole


André NEVEU, membre de l'Académie d'agriculture de France le 05/10/2021 à 12:04
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(©Pixabay)

La multiplication des dérèglements climatiques risque de conduire à d'importantes baisses des productions agricoles. Cette fiche de l'Académie d'agriculture de France en examine les conséquences sur les marchés alimentaires internationaux et sur l'approvisionnement des consommateurs, notamment pour les pays importateurs à faibles ressources financières.

La récente multiplication des dérèglements climatiques

Le changement climatique est un phénomène mondial, mais il ne se présente pas partout de la même manière : ainsi, l’élévation des températures semble plus marquée dans les latitudes élevées que sous l’équateur.

Le changement se manifeste aussi par des situations extrêmes et des dérèglements localisés. Les « incidents » exceptionnels ont été particulièrement nombreux en 2021 : dôme de chaleur dans la région de Vancouver au Canada, pluies diluviennes en Belgique et en Allemagne, canicule dans de nombreux pays méditerranéens, inondations catastrophiques en Chine centrale et en Inde, sécheresse en Californie et dans de nombreux états de l’Ouest américain.

Tous ces évènements s’accompagnent de dommages sur les personnes et les biens ; ainsi, en 2021 : villages ravagés en Allemagne, inondations meurtrières en Chine, et feux de forêts en Californie, en Grèce et en Turquie. Bien entendu, les agriculteurs des régions concernées par ces divers phénomènes sont les premiers frappés : récoltes perdues, terres dévastées, vignes détruites, arbres fruitiers desséchés.

Néanmoins, et c’est heureux, il s’avère que, jusqu’ici, les grandes régions de production agricole n’ont pas été touchées (sauf peut-être en Chine) ; même la Californie – bien que grosse productrice de vins, fruits et légumes – ne produit ni céréales et ni oléagineux, aliments de base mondialement indispensables.

Importance stratégique des grands bassins de production agricole qui approvisionnent les marchés internationaux

Les grandes régions agricoles ne sont pas nombreuses : principalement, la plaine centrale nord-américaine, les plateaux du Brésil et de la Pampa argentine, les pays de la Mer Noire (Russie, Ukraine, Kazakhstan) ; en second rang figurent le Nord-ouest européen, l’Australie, la Thaïlande ou encore la Malaisie. Tous ces pays exportent une grande partie de leurs productions de céréales, d’oléo-protéagineux ou de sucre, et ce sont sur ces marchés internationaux que s’approvisionnement les nombreux pays déficitaires en produits de base.

Ainsi dans le cas du blé, alors que sa production annuelle mondiale est un peu inférieure à 800 millions de tonnes, le commerce international représente seulement 180 à 190 millions de tonnes (moins du quart de la production). Sur ce total, les pays de la Mer Noire fournissent 50 à 60 millions de tonnes, les États-Unis environ 25 millions, le Canada et l’Union européenne chacun 20 millions, enfin l’Argentine et l’Australie entre 10 à 20 millions mais avec de très fortes variations annuelles.

Pour les pays importateurs, il est donc important que l’offre et la demande de produits essentiels (tels le blé, le maïs ou le soja) s’équilibrent chaque année ; cela a été heureusement le plus souvent le cas, sauf en 2008.

Cependant, en 2020, alors que la pandémie de COVID 19 n’a pas perturbé la production agricole mondiale, le commerce mondial a été significativement impacté, et les prix de la plupart des produits alimentaires ont augmenté de 20 % en un an ; les experts attribuent ce phénomène aux dysfonctionnements générés par la pandémie, mais aussi aux importants achats de la Chine dont les besoins augmentent sans cesse depuis quelques années.

Dans ce contexte déjà tendu, que se passerait-il si l’un ou l’autre des grands pays exportateurs venait à faire défaut ? À n’en pas douter, il s’ensuivrait une pénurie, et donc une forte tension sur les prix. Et cette pénurie, même relative, serait durement ressentie dans les pays déficitaires, en particulier parmi les populations les plus défavorisées dont les ressources financières sont extrêmement réduites.

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