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Parc éolien du Tréport

Deux pêcheurs jugés pour mise en danger d’autrui


AFP le 05/10/2021 à 18:45

Deux pêcheurs soupçonnés d'avoir mis en danger l'équipage d'un navire d'exploration, lors d'une manifestation en mer dans la zone du futur parc éolien du Tréport en 2020, ont comparu mardi devant le tribunal maritime du Havre.

Les deux hommes, patrons pêcheurs du Crotoy (Somme), sont jugés pour mise en danger de la vie d’autrui, dégradations commises sur un navire et non respect de règlement relatif à la sécurité maritime. Les réquisitions étaient attendues en fin d’après-midi. Ils avaient participé à une manifestation le 21 juillet 2020 contre la venue, dans la zone du futur parc éolien, du Noordhoek Pathfinder, un navire d’exploration de fonds marins. Alors qu’une vingtaine de bateaux de pêche avaient tourné autour de l’hydrographe, ces deux pêcheurs, cousins, avaient tiré et lancé des signaux de secours diurnes inflammables et du matériel de détresse en mer.

Selon le rapport de la gendarmerie, ils auraient exposé les membres d’équipage du Noordhoek Pathfinder à « un risque immédiat de mort ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente » et sont soupçonnés d’avoir « volontairement dégradé et détérioré le navire, au préjudice de la société UXO Control ». Ils auraient enfin pénétré sur une zone où toute activité était interdite dans un cercle de rayon de 500 mètres, comme l’avait notifié la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord.

Le navire, chargé de cartographier les fonds marins de la zone du futur parc, avait été affrété par le consortium Éoliennes en mer Dieppe-Le Tréport (EMDT), auprès de la société UXO Control, prestataire d’EMDT, qui avait porté plainte après les faits. Une cinquantaine de pêcheurs se sont rassemblés devant le tribunal en soutien à Corentin M., 25 ans, et son cousin Joseph M., 29 ans, a constaté une correspondante de l’AFP.

Des représentants d’associations de défense de l’environnement, des comités régionaux des pêches de Normandie (CRPN) et des Hauts-de-France, de Robin des Bois étaient également présents. « On se fait écraser par un rouleau compresseur et on n’a pas le droit de dire que l’on a mal ? », a protesté Olivier Becquet, vice-président du CRPN. « Ce procès est un scandale », a aussi dénoncé Catherine Boutin, coordinatrice du collectif Pour un littoral sans éolienne (Pulse), faisant remarquer que deux pêcheurs sont venus défendre leur emploi. Le projet de parc éolien en mer prévoit d’installer 62 mâts à 17 km de Dieppe et 15,5 km du Tréport, sur une profondeur de fond marin variant de -14 à -24 m.