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[Rapport parlementaire] Glyphosate

« Il faut améliorer le fonctionnement des agences sanitaires »


AFP le 16/05/2019 à 16:05

Face aux divergences d'appréciation des effets sur la santé du glyphosate, il faut améliorer le fonctionnement des agences sanitaires chargées d'évaluer l'impact de produits comme les phytosanitaires, conclut un rapport parlementaire présenté jeudi.

Renforcer les agences, la recherche, associer mieux les citoyens, figurent parmi les recommandations de ce rapport d’information sur « l’indépendance et l’objectivité des agences chargées d’évaluer la dangerosité des substances mises sur le marché ».

Adopté à l’unanimité par ses quatre rapporteurs (UDI, Modem, LREM, communiste), le document ne se prononce jamais sur la cancérogénicité ou non du glyphosate, contrairement aux propos choc de l’un d’eux le week-end dernier dans la presse. Les déclarations du sénateur UDI Pierre Médevielle sur la non-dangerosité de l’herbicide (« moins cancérogène que la charcuterie ») avaient suscité une tempête médiatique, et un tollé y compris parmi ses co-auteurs.

Au terme d’un an et demi d’auditions des parties prenantes, ce rapport de l’OPECST (Office parlementaire des choix scientifiques et technologies) analyse sur 150 pages notamment comment l’OMS et l’agence européenne Efsa sont arrivées à des conclusions divergentes sur le glyphosate : cancérogène probable pour la première, mais pas pour la seconde.

Parmi les explications, l’OMS ne garde que les études académiques, l’Efsa inclut les bilans des industriels ; la première prend en compte l’impact des coformulants, quand l’agence européenne n’étudie que la molécule ; chaque organisme a aussi sa grille d’appréciation du poids des preuves. « Elles n’ont pas travaillé de la même façon, elles ont chacune raison, ce sont deux avis pas comparables », souligne le sénateur PCF Pierre Ouzoulias, qui constate notamment « un manque de moyens » des agences, pouvant expliquer qu’elles s’appuient aussi sur les analyses des industriels.

Pour les parlementaires, il faut leur donner la possibilité de commander des études, à travers un fonds de recherche inter-agences, et aussi développer des surveillances en situation réelle et à long terme. Il faut améliorer la transparence des évaluations, notamment livrer au public les données sur lesquelles elles reposent (aujourd’hui couvertes par le secret des affaires), ajoute le texte. Il faut aussi « contrôler les liens d’intérêt déclarés, dans le cadre d’obligations déontologiques fortes pesant sur les personnels et experts des agences », ajoute le rapport.

Pour conforter les agences, il faudrait en outre accroître leur attractivité aux yeux des scientifiques. Et structurer un dialogue entre organes d’évaluation pour éviter les conclusions divergentes, sources de défiance de l’opinion et de blocage des décisions politiques.