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En vaches laitières

Vers une individualisation du concentré encore plus précise


TNC le 05/09/2022 à 05:03
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L'objectif du projet Harpagon est d'aller vers une alimentation individuelle de la vache laitière encore plus précise (et efficace). (©TNC)

Au travers du projet Harpagon, l'Institut de l'élevage se penche sur l'alimentation de précision des vaches laitières. Et si on distribuait le concentré de façon individuelle mais plus seulement selon le stade de lactation ? Un essai est actuellement en cours à la ferme des Trinottières (49).

Qu’est ce que l’alimentation de précision en vaches laitières ? Selon l’éleveur, il peut s’agir de finesse dans les apports en nutriments (acides gras, minéraux, vitamines…), d’une alimentation qui s’adapte au contexte (prix du lait ou des aliments par exemple), d’une complémentation individualisée (selon le stade de lactation le plus souvent), ou encore d’une alimentation pesée et analysée régulièrement. Ou les quatre, bien sûr !

Dans le cadre du projet Casdar Harpagon, l’Idele travaille sur l’individualisation de l’apport en concentré (et notamment l’adaptation au contexte). En d’autres termes, comment distribuer le concentré le plus précisément possible (pour qu’il soit efficient).

Même stade de lactation = même quantité de concentrés ?

« Actuellement en élevage, on distribue généralement les mêmes quantités de concentrés aux vaches qui affichent un même niveau de production et un même stade de lactation », explique Amélie Fischer du service capteurs et équipements de l’Idele. « On considère donc que ces vaches, parce qu’elle se situent au même niveau, réagissent de la même façon à l’apport. » Mais est-ce vrai ? Pas forcément !

« Chaque vache possède ses propres capacités à valoriser les fourrages, à faire varier ses réserves corporelles et sa production de lait. » Dans ce cas, deux vaches au même stade peuvent réagir différemment à un même apport de concentré.

Reste à savoir quelle vache réagit comment… « En diminuant le concentré, une vache a trois possibilités : elle compense en consommant plus de fourrages, elle diminue sa production laitière, ou elle mobilise ses réserves. »

Et c’est à la ferme expérimentale des Trinottières dans le Maine-et-Loire que les premiers profils de vaches vont être étudiés : les 60 vaches laitières y sont soumises à une alternance de deux niveaux d’apports de concentrés de production, et les techniciens (grâce aux capteurs dont dispose la ferme expé) vont mesurer leurs performances afin d’établir les profils (en gros, quelles sont leurs réponses à la diminution d’apport : est-ce qu’elles font moins de lait, maigrissent ou compensent en ingérant plus de fourrage).

À chaque éleveur sa stratégie, à chaque vache sa réponse

Si chaque vache réagit à sa manière, l’éleveur aura tout intérêt à adapter sa complémentation de façon individuelle en prenant en compte le profil de chaque animal. Exemple :

Comportement de la vache lorsqu’on diminue le concentré ↓ Stratégie de l’éleveur
« Le concentré étant trop cher, je veux le baisser sans perdre en production » « Le concentré est cher, mais en période de repro je ne veux pas que les vaches maigrissent »
Elle se reporte sur les fourrages L’éleveur peut diminuer la part de concentré Il peut diminuer la part de concentré
Elle réduit sa production laitière Il garde le même niveau de concentré Il peut diminuer la part de concentré
Elle mobilise ses réserves corporelles Il peut diminuer la part de concentré Il garde le niveau de concentré

« Pour les vaches dont le profil aura été identifié comme compensateur face à la baisse du concentré, c’est-à-dire qu’elles mobilisent leurs réserves ou compensent en consommant plus de fourrages à l’auge, on pourra diminuer la part de concentré sans faire chuter la production si tel est l’objectif. »

Aux Trinottières, une fois les profils des vaches identifiés, les essais porteront sur la modulation de l’apport en concentré au Dac. « On mesurera les performances individuelles et on verra alors si l’alimentation de précision aussi poussée a un intérêt économique, zootechnique et environnemental ou s’il n’y a pas de différence avec ce qu’on fait déjà actuellement, c’est-à-dire ajuster selon le stade et la production seulement. »

Objectif : économies de concentrés grâce à la précision

L’idée serait à terme de permettre aux éleveurs de :

– connaitre au sein de leurs troupeaux les profils de vaches (par la mesure du poids vif consécutive à la variation de concentré, par la mesure de note d’état corporelle grâce à l’imagerie 3D, ou encore par l’analyse des acides gras du lait) ;

– de définir des règles d’allocation du concentré afin de coller au mieux aux besoins des vaches et à la stratégie définie (notamment réduire les coûts).

« Reste à savoir si une vache a le même comportement toute sa vie ou si son profil évolue d’une lactation à l’autre. Si son profil est répétable, c’est facile. Sinon, cela nécessitera plusieurs tests dans sa carrière », avoue Amélie Fischer.

De premiers résultats issus des Trinottières devraient tomber en février 2023, affaire à suivre !