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Thorigné d'Anjou

Vêlage deux ans low-cost grâce au croisement Angus


TNC le 08/02/2023 à 05:02
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Un taureau Angus est utilisé sur les génisses limousines en vêlage deux ans. (© Ferme expérimentale de Thorigné d'Anjou)

La ferme expérimentale de Thorigné d'Anjou s'essaie au vêlage deux ans. Leur objectif : avoir de bons niveaux de croissances à moindre frais. Pour y parvenir, l'essai s'appuie sur le pâturage hivernal, et le croisement Angus.

Animaux finis toujours plus lourds, durées d’engraissement qui s’allongent, recours croissants aux concentrés… autant constats qui amènent Julien Fortin (responsable de la ferme expérimentale de Thorigné d’Anjou) et Bertrand Daveau (ingénieur d’études) à chercher à produire de la viande bovine autrement. Pour y parvenir, le croisement Angus sur génisses limousines est actuellement à l’essai. L’objectif est double : tester des itinéraires techniques qui répondraient aux attentes de la filière et des consommateurs, tant sur le niveau de finition que sur le mode d’élevage, et par la même occasion expérimenter le vêlage deux ans en race limousine.

La principale problématique du vêlage deux ans est d’avoir une croissance rapide. Il faut que la génisse soit cyclée dès ses 14 mois pour espérer avoir un veau 9 mois plus tard. Or la puberté des génisses reste un prorata du poids vif adulte. Le suivi de croissance est donc un enjeu majeur : « il faut que la génisse ait atteint 60 % de son poids adulte pour la reproduction, d’où la fameuse barre des 440 kg sur notre troupeau limousin si l’on considère un poids adulte de 700 kg », précise Bertrand Daveau.

Un itinéraire low-cost ?

En agriculture biologique, la ferme expérimentale cherche à mettre en place un itinéraire technique efficace et peu couteux pour l’élevage des génisses. « L’ambition est de tester un itinéraire « low cost » » résume Bertrand Daveau. L’essai s’appuie sur l’opportunité du pâturage hivernal. Avec des étés de plus en plus secs, pâturer l’hiver devient un moyen de limiter le recours aux concentrés et fourrages récoltés. « L’on compte sur le pâturage pour couvrir jusqu’aux trois quarts des besoins des génisses l’hiver. Pour le reste, du foin est apporté en pâturage, ainsi qu’un kilo de concentré (triticale et pois produit sur la ferme) ». Cependant pour assurer le vêlage 2 ans, un GMQ de 750 g/jour est à maintenir entre le sevrage et la reproduction, croissance qu’il semble plus difficile à atteindre en extérieur l’hiver.

L’année dernière, entre 80 et 85 % des génisses ont fait leur premier veau à 2 ans. Les génisses nées à l’automne ont plus facilement atteint le poids fixé. « Après le sevrage mi-juin, les femelles ont été affouragées durant l’été avec un fourrage de qualité et une légère complémentation » explique l’ingénieur d’étude. Ce qui a entrainé des croissances très satisfaisantes sur cette période critique de post-sevrage. 

Des plus petits veaux grâce au croisement

« Nous n’observons pas plus de vêlages difficiles en croisés à 24 mois, qu’à 30 mois en race pure », constate Bertrand Daveau. Le croisement intervient comme une manière de sécuriser le vêlage deux ans. Les croisés Angus sont plus légers que les veaux limousins : 38 kg de moyenne, contre 42 kg en race pure (à 30 mois). Les veaux sont donc un peu moins demandeurs pendant la gestation et plus petits au vêlage, à noter que les génisses poursuivent leur croissance durant cette période. 

Des premiers résultats à conforter

7 premiers croisés Angus nés au printemps 2020 ont été abattus en juin 2022. Sevrés à 8 mois, ils n’ont pas été complémentés sous la mère et ont réalisé l’essentiel de leur croissance au pâturage. « À l’exception des 70 jours de finition, les animaux ont été élevés exclusivement à l’herbe et au lait maternel », explique Bertrand Daveau. À raison de 2 kg de concentré autoproduit par jour durant la finition, ils n’auront ingéré qu’environ 150 kg de concentré dans leur vie. 

Les 5 croisés nés à l’automne 2020 ont été abattus à 25 mois (en octobre 2022). Ils ont bénéficié d’une ration de finition estivale, avec un recours au stock sous forme d’enrubannage et d’une complémentation plus soutenue avec 3 kg de concentré autoproduit par jour. 

Les observations doivent se poursuivre avec l’objectif de produire des génisses et bouvillons croisés valorisant autant que possible l’herbe pâturée. Les premiers résultats demeurent toutefois encourageants. Les jeunes animaux abattus entre 24 et 27 mois présentent des poids de carcasses compris entre 330 et 350 kg pour une conformation R= à R+ et un état d’engraissement très satisfaisants (NEC à l’abattage de 3).