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Reconvertis dans l'élevage, à 40 ans

Valérie et Albéric Diot : « Faut pas avoir peur du lait ! »


TNC le 23/11/2022 à 07:42

La Quinzaine de la transmission/reprise d'exploitations, proposée du 18 novembre au 2 décembre par les chambres d'agriculture : l'occasion de mettre en avant des vidéos et un podcast, réalisés il y a quelques mois par celle de l'Indre, sur l'installation de Valérie et Albéric Diot. À 40 ans, ils ont décidé de concrétiser un projet de longue date : devenir agriculteurs. S'ils sont venus à la production laitière un peu par hasard, ils ne le regrettent pas !

L’envie de s’installer en élevage trottait, depuis plus d’une vingtaine d’années, dans la tête de Valérie et Albéric Diot. « Quand on s’est connu, Albéric m’en parlait déjà », se souvient Valérie. Mais des amis, éleveurs laitiers, les ont « découragés », leur répétant : « C’est dur, il faudrait déjà avoir un pied dedans », etc. Le couple a donc abandonné ce projet, jusqu’à il y a cinq-six ans. 

Partant de rien, peut-on reprendre une ferme ?

« Régulièrement, Albéric me dit qu’il aimerait avoir son entreprise pour laisser quelque chose à ses enfants », raconte Valérie. Alors un jour, elle « décroche le téléphone » et appelle la chambre d’agriculture. « On part de rien, est-ce qu’on peut reprendre une ferme ?, demande-t-elle. La conseillère répond : « Oui, c’est faisable. »

Découvrez le témoignage de Valérie et Albéric, publié sur Youtube :

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Au départ, pas très chauds pour le lait

Un peu refroidi par les réactions passées de son entourage, même si cette fois la famille le soutient, le couple préfère s’orienter vers les céréales, d’autant qu’Albéric est responsable de cultures. La chambre d’agriculture conseille toutefois un atelier complémentaire. Certes « Albéric a toujours eu une attirance pour les bovins », mais le couple « ne connaît pas l’élevage ». « Partant de zéro », il pense d’abord à la production allaitante, « moins contraignante ».

Allons voir, on ne risque rien !

Ayant commencé à chercher des exploitations dans plusieurs régions, il en visite une, « par hasard », dans l’Indre et trouve le coin « très sympa ». La ferme aussi d’ailleurs. De gros investissements sont cependant nécessaires et le projet n’aboutit pas. Même s’ils ne sont pas du département, Valérie et Albéric décident d’y poursuivre leurs recherches et se rendent, un peu à reculons, pour la dernière visite dans un élevage laitier. « Allons voir, on ne risque rien ! », suggère Valérie, qui pourtant « ne veut pas de vaches laitières », précise Albéric. « Sur le papier », l’exploitation la « séduit » déjà, d’autant qu’elle est en bio…

Pour des compléments d’information sur l’installation de Valérie et Albéric Diot, écoutez ce podcast :

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Maintenant « une belle complicité avec les vaches »

Le tour de la ferme finit de convaincre le couple : « C’est celle-ci ! », lance-t-il, ajoutant : « Comme pour une maison, le coup de cœur, l’affect joue énormément. ». « À 20 ans, on est prêt à retrousser les manches, on ne sait peut-être ce qu’on veut mais pas forcément ce qu’on ne veut pas. À 40, c’est différent. Là tout était bien organisé », complète Valérie. Et les voilà « partis pour une belle aventure », « en espérant que nos enfants poursuivent derrière, se réjouit-elle. L’aînée est déjà en lycée agricole et l’un de ses patrons est installé en polyculture-élevage laitier ; le cadet, lui, est passionné de matériel. »

Partis pour une belle aventure que nos enfants, espérons-le, poursuivrons.

« Rien n’est impossible, reprend l’éleveuse qui reconnaît qu’au départ, les démarches à mener l’ont un peu inquiétée. « Ça prend du temps, c’est un peu compliqué et fastidieux. Heureusement, nous avons été bien encadrés, y compris par les cédants, présents dès qu’on a besoin d’un conseil. Cela a permis une reprise sereine, en Gaec, au début du printemps dernier. » « Faut pas avoir peur du lait !, enchaîne la productrice. Il y a du travail, il ne faut pas se le cacher », mais c’est épanouissant. Elle met notamment en avant « la complicité » créée avec les vaches laitières, « grâce à la traite deux fois par jour ».

« L’enjeu : accompagner ces nouveaux profils »

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« Quand on a des personnes qui veulent s’installer, il faut les attirer vers l’élevage, notamment laitier, et leur montrer que c’est une réelle opportunité d’installation, insiste pour sa part Aurélie Brunet, conseillère transmission et RDI à la chambre d’agriculture de l’Indre. Sans nier la charge de travail et l’astreinte, elle évoque les solutions qui existent pour y faire face, employer un salarié agricole par exemple comme Valérie et Albéric qui ont repris celui qui travaillait depuis 20 ans sur l’exploitation. « Nous devons casser la mauvaise image de l’élevage laitier. Une qualité de vie au travail, une rémunération, sont possibles », insiste-t-elle. 

Casser la mauvaise image de l’élevage laitier.

Pour elle, « l’enjeu, c’est vraiment d’accompagner de nouveaux profils, hors cadre familial et en reconversion, vers la réussite de leur projet professionnel et personnel ». Ceci à travers des conseils économiques, mais aussi techniques  − sur le suivi du troupeau, l’alimentation, les règles sanitaires, etc. −, juridiques, sociaux… L’intérêt : «  un accompagnement le plus global possible. »