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Vétérinaire

Une profession de plus en plus féminine et urbaine, souligne l’Ordre


AFP le 05/04/2019 à 15:02

Le métier de vétérinaire est de plus en plus féminin et urbain mais manque cruellement de soigneurs animaliers dans les campagnes : Jacques Guérin, président du Conseil de l'ordre des vétérinaires, dresse le tableau de sa profession.

« Le métier se féminise. Dans les écoles, les femmes représentent plus de 80 % d’admis au concours, c’est une réussite », se félicite-t-il, interrogé par l’AFP à l’occasion de la sortie de l’Atlas démographique de la profession vétérinaire 2019.

18 341 vétérinaires étaient inscrits au tableau de l’Ordre au 31 décembre 2017, dont 9 431 de femmes (51,4 %). Le ratio de femmes nouvellement inscrites a augmenté de 11,6 % par rapport à 2012. Et parmi les 810 nouveaux vétérinaires inscrits en 2017 dans les quatre écoles de Maisons-Alfort, Toulouse, Lyon et Nantes, 75,9 % sont des femmes. « Ce n’est pas qu’un métier d’empathie. Le véto soigne aussi les animaux de rente et joue un rôle pour la sécurité sanitaire des aliments, les maladies zoonotiques et les grandes épidémies. On a une fausse idée du métier projetée sur les jeunes générations », estime l’ancien vétérinaire de campagne.

Les campagnes connaissent des déserts médicaux mais manquent aussi cruellement de vétérinaires. Le nombre de ceux qui ont choisi de s’y installer pour venir en aide aux veaux, vaches et cochons est en légère baisse. Ils ne sont que 6 782, dont 2 394 femmes.

Stages tutorés

« Il y a 10 ou 20 ans, la zone d’exercice d’un véto de campagne était d’un rayon de 15 km, aujourd’hui elle est de plus de 50 km, voire 80 km. Le véto qui faisait 5 à 10 visites par demi-journée n’en fait que 2 ou 3 aujourd’hui », constate Jacques Guérin. « Quand il part à la retraite, il est remplacé par un vétérinaire qui soigne les animaux de compagnie. C’est plus rentable ».

Et pour que les jeunes diplômés s’installent à la campagne, des actions sont conduites depuis 2010, comme des stages tutorés. « Lors de ces stages, les étudiants de 5e année vivent pendant 16 semaines en immersion en territoire rural. 90 % d’entre eux s’y installent », se félicite-t-il. « On ne va pas dans un lieu que l’on ne connaît pas ! ».

En revanche, ceux qui soignent aussi les animaux de compagnie, surtout les chiens et les chats, des villes comme des campagnes, sont nombreux : 14 934, dont 8 182 de femmes. « Il y a une explosion de la demande pour les animaux de compagnie », confirme Jacques Guérin qui par ailleurs « s’étonne de la tendance de certains médecins de vouloir passer du monde humain au monde animal ».  «Le système de santé est sous tension, certes mais on n’a pas besoin d’un médecin réanimateur pour les animaux ! ». Et contrairement aux médecins, les vétérinaires soignent toutes sortes d’espèces : animaux de compagnie, de ferme, de rente, de sports et de loisir. « On doit avoir toutes les compétences, y compris en chirurgie », dit-il.

Parmi les métiers de vétérinaire, il y a aussi les inspecteurs de santé vétérinaire, fonctionnaires de l’État. « Avec le Brexit, c’est un métier qui a besoin de main d’œuvre. On a du mal à recruter. Il y a une quarantaine de postes à pourvoir cette année et autant l’an prochain ».

Dans un pays qui compte plus d’un million d’équidés, 2 646 vétérinaires soignent les chevaux. Cette population a augmenté de 10 % en 5 ans. Et les femmes sont cette fois plus nombreuses que les hommes : 1 431 contre 1 215. « Avant dans les campagnes, il y avait des moutons, aujourd’hui les chevaux ont pris leur place. Quand on achète un cheval, immanquablement, il sera malade et il faudra gérer sa fin de vie. On appelle le véto quand la valeur vénale ou sentimentale a un coût. On ne va pas appeler pour une poule qui vaut un euro ! »