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Gaec des Longchamps (53)

Une exploitation lait-viande fonctionnelle et rentable


Alimentation et fourrages le 15/12/2017 à 07:25
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Ils déclarent travailler neuf heures par jour, moitié moins les samedis et dimanches. Entre le lait, les Charolaises et les taurillons, Joël et Stéphane Rigouin semblent avoir trouvé l’équilibre. Leur ligne de conduite : comprimer les charges et travailler efficacement.

En près de vingt ans, le Gaec des Longchamps en Mayenne (53) est passé de quatre à deux actifs, tout en doublant sa production. Joël et Stéphane Rigouin, les deux frères âgés de 47 et 41 ans, ont rejoint leurs parents sur la ferme de Melleray-la-vallée dans les années 90. Ils pilotent aujourd’hui 148 ha, un troupeau de 65 vaches laitières ainsi que 20 vaches allaitantes, et produisent 547 000 litres de lait et 180 taurillons par an. « Ce sont des activités assez complémentaires, l’atelier taurillons n’est pas très compliqué, estime Joël. Et puis, nous dégageons ainsi suffisamment de revenu pour deux personnes. »

Cette forte productivité du travail est permise selon les éleveurs par les aménagements et la simplification des pratiques. En effet, exceptées les 20 vaches charolaises logées sur un site distant d’un kilomètre, tous les bâtiments et les silos de maïs sont groupés autour d’une cour centrale. La stabulation des vaches laitières a été agrandie en 2013 pour passer à 84 logettes. Puis, en 2017, la fumière de 300 m2 devenue trop exiguë a été transformée en 30 logettes pour les génisses. « Elles ont intégré le bâtiment depuis deux semaines et elles se couchent déjà dans les logettes, observe Joël. Ainsi, elles s’habituent pour la suite et nous avons simplifié le travail car il n’y a plus de litière accumulée à curer. Le nettoyage se fait au racleur. » Le lavage a également été optimisé du côté de la salle de traite, puisque les animaux attendent leur tour dans l’aire d’exercice raclée.

Le nouvel équipement de 2×9 postes installé en 2013 permet à une personne de traire le troupeau en une heure, à laquelle s’ajoutent 15 minutes de nettoyage. La même année, l’investissement dans un taxi-lait a généré une amélioration dans la croissance et la santé des veaux. « Le lait est toujours à la bonne température et distribué en quantité adaptée, explique Joël. Les génisses sont dès le début en cases collectives, elles démarrent bien et ne sont pas malades. Nous avons trouvé un aliment efficace qu’elles ont à volonté. Elles atteignent 200 à 250 kg à six mois, et l’âge au premier vêlage est précoce à 25-26 mois, sachant qu’elles ne reçoivent pas du tout de maïs. » Pour alléger le travail en hiver, aucun vêlage n’est programmé de décembre à avril.

Les deux bâtiments taurillons (100 places construites en 2009 et 45 places dans un bâtiment plus ancien) donnent également sur la cour centrale dans laquelle circule la mélangeuse. Les silos de maïs sont ouverts toute l’année. Le pâturage est néanmoins valorisé au mieux avec 25 ha de prairies accessibles aux animaux. « Les génisses allaitantes sont logées ici : elles pâturent derrière les vaches laitières et ne laissent aucun refus » précise Joël. Les prairies, ainsi que les cultures dérobées avant maïs (ray-grass italien + trèfle), sont par ailleurs exploitées en enrubannage pour les vaches, génisses et taurillons. « C’est vrai que c’est plus coûteux que l’ensilage, mais étant donné que nous faisons beaucoup de petites coupes d’herbe tout au long de l’année pour ne rien perdre, il nous faudrait un trop grand nombre de silos, justifie Joël. Et puis, nous trouvons ça pratique et plus facile pour la conservation. »

Dans l’objectif d’optimiser les achats extérieurs de protéines, quatre hectares de luzerne ont été implantés il y a quatre ans et fournissent quatre coupes d’enrubannage, pour les vaches, les génisses et les taurillons. Pour réduire encore les coûts, les éleveurs s’approvisionnent depuis un an en camions de 25 tonnes pour les tourteaux de soja et colza, ainsi que pour la pulpe de betterave. Ils ont aussi fait le choix de transformer leur orge en bouchons pour les taurillons et les génisses.

Les fournitures de l’exploitation sont également réduites en matière d’engrais chimiques. « Le fumier des taurillons permet d’économiser sur la fertilisation, c’est aussi en cela que la présence de cet atelier est intéressante, souligne Joël. Nous achetons seulement un peu d’azote pour le blé et un N18-P46 pour le maïs. »

La stratégie des éleveurs s’avère payante au niveau des résultats économiques moyens sur trois ans. Ainsi, pour l’atelier lait (59 % de la marge brute de l’exploitation), le coût alimentaire est de 121 euros/1 000 litres (dont 81 euros de concentrés) contre 136 euros (dont 94 euros de concentrés) dans les élevages de Prim’holsteins repères de Cerfrance Mayenne-Sarthe. Et la marge brute par hectare de SFP s’élève au bout du compte à 2 555 euros (contre 1 868 euros).

Pour l’atelier taurillons (15 % de la marge brute globale), le coût alimentaire est de 427 euros/taurillon vendu contre 472 euros dans les Repères Cerfrance. La différence vient en grande partie des fourrages qui ne représentent que 67 euros (contre 97). Il en résulte une marge brute par hectare de 1 586 euros (contre 1 360).

Pour l’atelier vaches allaitantes enfin (9 % de la marge brute globale), le coût alimentaire est de 175 euros/UGB contre 200 euros dans les Réseaux d’élevage régionaux. Cette fois-ci, la différence vient surtout des 31 euros de concentrés (contre 70 euros). Au final, la marge brute est de 793 euros/ha de SFP (contre 744).

En ajoutant l’activité cultures (18 % de la marge brute globale), le Gaec des Longchamps dégage en moyenne sur trois ans une marge brute globale de 182 000 euros/an, et une valeur ajoutée de 107 000 euros (soit 53 500 euros/UTH) une fois les charges de structure déduites (512 euros/ha). Des résultats satisfaisants selon les éleveurs, même s’« ils peuvent encore être améliorés ».