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Polyculture-élevage

Un système sol-plante-animal cohérent pour plus de résilience de l’exploitation


TNC le 17/12/2021 à 13:02
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« L’objectif est de re-concevoir le système en mettant au même niveau de priorité la préservation de l’agro-écosystème et la production de biens alimentaires. » (©TNC)

L’animal, le sol et la plante sont trois mondes vivants à concevoir en perpétuelles interactions pour mettre en œuvre des systèmes de production résilients et intéressants économiquement. Pour cela, il s’agit avant tout de se poser les bonnes questions.

« Où est mon capital sur mon exploitation ? », telle est la question avec laquelle entame sa conférence Emilie Ollion, consultante en agro-écologie, le 9 novembre, à Chambœuf, pour la journée technique de Cap AgroEco. Et sa réponse est : « Dans vos sols ! Or la banque ne vous demandera jamais vos analyses de sols pour finaliser votre installation ! Par contre, elle vous demandera un plan d’entreprise avec des itinéraires techniques bien standardisés ! » Son objectif est ainsi d’attirer l’attention sur la spécificité de chaque système et l’importance de prendre en compte la vie des sols pour le bon équilibre de son système de production. « Vous avez deux troupeaux, vos vaches et vos lombrics ! », lance de son côté Sébastien Roumegous, président de CAP Agro Eco, qui souhaite aussi illustrer cette idée.

« Le capital sol est sous-estimé par les éleveurs. Et pourtant, ce capital doit être entretenu tous les ans », continue-t-il. Le travail du sol est la dernière chose à modifier dans un système. Il s’agit de « changer tout le reste avant » comme le système de culture, selon lui. En effet, les végétaux vont nourrir l’activité biologique du sol, donner de la fertilité. D’après lui, il faut « toujours lier végétation et sols ». Quand le sol décroche en matière organique, c’est de l’énergie en moins pour faire tourner la machine. Si l’éleveur ne compense pas ce qui est exporté en matière organique, le sol ne fonctionnera plus. La ration du sol est réduite de fait », illustre Sébastien Roumegous.

Des idées reçues à combattre pour changer de système

L’animal, le sol, la plante sont trois mondes vivants en interaction constante. L’objectif est alors de créer de la cohérence pour « créer de la résilience et de l’économie », rapporte Sébastien Roumegous. « Il s’agit aussi de ne pas confondre efficience et productivité, tout comme il s’agit de réfléchir sur du long terme et d’accepter de ne pas être toujours dans l’action mais aussi dans l’observation ! enchaîne Emilie Ollion. Cela demande un changement radical de mentalité au sein du milieu agricole ! ».

L’animal, le sol, la plante sont trois mondes vivants en interaction constante. (©Emilie Durand)

Elle insiste sur l’importance de nourrir les sols comme les animaux, dans le but de faire des économies. « Quand on commence à sortir le tracteur, on commence à perdre de l’argent. Il s’agit de faire travailler les plantes et les animaux à votre place », souligne-t-elle.

Et de continuer : « L’objectif est de re-concevoir le système en mettant au même niveau de priorité la préservation de l’agro-écosystème et la production de biens alimentaires ». Ainsi, la première question qu’elle se pose en arrivant sur une ferme est « qu’est ce que je peux enlever ? ». Pour autant, elle reconnaît que « la peur de perdre un certain niveau de production prend vite le pas sur l’envie de faire baisser les charges ». Le frein est alors souvent d’ordre psychologique. Tout comme elle insiste sur l’importance d’oublier les idées reçues : « augmenter la production ne signifie pas augmenter le revenu tout comme augmenter l’ingestion ne signifie pas augmenter la production ! ». En pratique, Emilie Ollion questionne le système fourrager en lien avec le cheptel, la qualité des prairies, de possibles inter-cultures, les dates de fauches, les charges de mécanisation, etc.

Retrouvez le replay complet de la journée technique de Cap AgroEco 2021 sur la chaîne Youtube de Ver de terre production