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Reportage au Gaec de la Jalumière (49)

Un gain de 6 t MS/ha avec des maïs semés sous bâche


TNC le 16/04/2021 à 05:56
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Depuis 9 ans, le polyculteur-éleveur Gaétan Belloin (Maine-et-Loire) sème son maïs sous bâche. Avec cette méthode d’implantation, il obtient un rendement supérieur d’un tiers au standard du secteur et assure ainsi son autonomie fourragère.

À Erdre-en-Anjou dans le Maine-et-Loire, les associés du Gaec de la Jalumière implantent chaque année 22,5 ha de maïs, sur un total de 175 ha principalement en herbe. Pour l’implantation, ils ont adopté depuis 2013 le semis sous bâche Samco non perforée. « À l’époque, j’étais allé à une réunion Arvalis où il avait été question du semis sous bâche. En revenant, j’ai dit à mon père qu’il fallait vraiment essayer », se souvient Gaétan Belloin, aujourd’hui associé avec sa mère et sa femme sur l’exploitation.

Des rendements de 18 à 20 t MS/ha grâce au semis sous bâche contre 12 à 13 t MS/ha avant.

Après neuf campagnes à utiliser cette technologie, il ne reviendrait pas en ailleurs. « Nous avons des rendements de 18 à 20 t MS/ha, contre 12 à 13 t MS/ha lorsque nous semions le maïs de manière classique » se souvient-il. En pratique, le plastique permet de gagner 300°C jour sur son exploitation, et ainsi de semer des maïs avec des indices de 450 à 480 contre 330 à 340 habituellement dans la région. Ces résultats sont importants car ils garantissent l’autonomie alimentaire de l’élevage.

Sur les 22,5 ha de maïs, 14 ha sont récoltés en ensilage à destination du troupeau de 135 mères charolaises en système naisseur/engraisseur et 4 ha sont conditionnés en maïs humide pour les taurillons. Le reste part chez Loué pour la fabrication locale d’alimentation poule pondeuse, dont le Gaec s’est récemment équipé d’un bâtiment avec parcours plein air d’une capacité de 6 000 poules.

130 €/ha pour le semis et 255 €/ha pour le plastique.

En terme économique, le semis sous bâche représente un coût important. « La prestation de l’entreprise revient à 130 €/ha et le plastique coûte 255 €/ha. Un semoir classique en Cuma représenterait 20 €/ha mais ce n’est pas comparable. Sans bâche, je devrais implanter plus de surface pour obtenir la même quantité et cela générerait des coûts supplémentaires » analyse Gaétan Belloin.

Une bâche recouvre deux rangs de maïs. Des disques et des socs situés de chaque côté des rouleaux rabattent la terre sur les bords de la bâche pour la fixer. (©TNC)

Un ensemble semis/bâche/désherbage

Le chantier de semis est réalisé par l’ETA Chazé avec un semoir spécifique Samco. En un passage, le chauffeur implante la graine, apporte une demi-dose de désherbant et applique la bâche. La machine est équipée de trois rouleaux qui recouvrent 6 rangs en même temps. « J’ajoute également un traitement contre les corvidés. Pour la première fois l’an dernier, ils sont venus manger le maïs à travers la bâche », peste l’éleveur.

Avant le semis, il prépare le sol avec un labour et un passage de herse avant d’apporter l’engrais et de traiter avec une première demi dose de désherbant. « Ensuite selon le sol, je repasse la herse ou le cultivateur. C’est important de garder la bonne humidité sous la bâche pour que les gouttelettes de condensation puissent retomber sur le maïs comme un effet serre », indique Gaétan Belloin.

Le semoir travaille également légèrement le sol pour former une petite butte sur l’inter-rang afin que les graines germent quelques centimètre en dessous du plastique. Une fois qu’elles l’atteignent, elles l’étirent en se développant comme du cellophane et finissent par le percer. « Le maïs sort de la bâche vers 7 à 8 semaines. Il est un peu courbé du fait de la contrainte du plastique mais il se redresse vite et se développe très rapidement ensuite. Pour ne pas se faire peur, il ne faut pas aller voir la parcelle à ce moment-là », sourit l’éleveur. Par contre, il se montre très vigilant sur les 4 premières semaines après l’implantation. S’il constate un problème de désherbage, il intervient avec des micro-doses entre les bâches.

Le semoir perce des petits trous réguliers au moment de l’implantation pour aider l’étirement du plastique lorsque le maïs arrivera au contact. (©TNC)

Les plastiques oxo-dégradables bientôt interdits

Comme la plupart des agriculteurs qui ont recours au semis de maïs sous bâche, Gaétan Belloin utilise des plastiques oxo-dégradables. C’est à dire des plastiques qui se décomposent en micro-particules et disparaissent sous l’action du soleil et de la chaleur.

Une loi de 2020 interdit l’achat de ces plastiques à compter du 1er janvier 2021 et autorise leur utilisation jusqu’en 2023. « Il y a encore pas mal de flou. Avec le Covid, les délais pourraient être allongés », avance prudemment Rodolphe Daval, représentant français de Samco. Dans le cas contraire, l’entreprise propose déjà des solutions alternatives, notamment via du plastique à base d’amidon. « Nous le commercialisons déjà depuis deux ans. Il a une bonne efficacité de paillage et permet d’obtenir des bons rendements. Le seul inconvénient c’est son prix » relève-t-il. Si le coût peut se justifier en maraîchage rapporté à la valeur ajoutée générée, c’est plus compliqué en maïs. Pour y remédier, Rodolphe Daval explique que l’entreprise travaille sur des systèmes qui utiliseraient moins de plastique. « Nous ne laisserons pas les agriculteurs sans solution ».