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Reportage dans la Sarthe

Sortir de la crise en investissant davantage : le pari risqué du Gaec Langelier


TNC le 02/07/2021 à 06:03
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Installé en pleine crise en 2016, Mathieu Langelier a su sortir la tête de l'eau en orientant son élevage de Limousines vers l'autonomie alimentaire. Depuis, l'éleveur se concentre sur la vente directe et la transformation à la ferme.

Mathieu Langelier s’est installé en septembre 2016 sur l’élevage familial de race limousine situé au nord de la Sarthe (72). En système naisseur-engraisseur, les parents de Mathieu élevaient à l’époque une centaine de mères et achetaient d’autres animaux à l’extérieur pour l’engraissement.

« En 2016, le prix de la viande était au plus bas. J’ai vendu des lots de JB à 3,65 €/kg. Sans compter la moisson catastrophique avec des rendements en blé à 45 quintaux contre 85 q/ha en année normale. En gros, pour ma première année d’installation, le trou était de 50 000 € », raconte Mathieu. « On se disait qu’on n’allait pas aller bien loin comme ça, qu’il fallait rebondir. Et pour ça, aussi dingue que cela puisse paraître, on a réinvesti. »

Le Gaec Langelier en quelques chiffres aujourd’hui :
3 UMO (Mathieu et ses parents) + 1 apprenti

210 ha de SAU (dont 48 ha issus de l’installation de Mathieu) :
– 60 ha de cultures de vente
– 25 ha de maïs
– le reste en herbe

150 mères de race limousine
Système naisseur-engraisseur
2 poulaillers de chair Loué

Investir pour agrandir le cheptel

« Tandis qu’on achetait des animaux à l’extérieur pour les engraisser, tout comme une bonne quantité d’aliments, on a réemprunté pour faire grossir le troupeau en interne et revoir le système fourrager. » Le Gaec a alors réimplanté 20 ha de prairies et augmenté le troupeau de 20 vaches.

Deux ans plus tard, les associés ont sorti la tête de l’eau avec un système plus viable. « On a préféré partir sur la logique : produire avec ce qu’on a sur l’exploitation et si on n’a pas, on ne produit pas. On a reconnecté la production avec notre sol. »

Les rations tournent principalement autour de l’herbe, avec du maïs (ensilage pour les vaches et épi pour l’engraissement), de l’enrubannage, de l’aplati de blé et du tourteau de colza (environ 60 t/an). « On a réduit de moitié les achats d’aliments », affirme Mathieu.

Développer la vente directe

Et l’éleveur a un gros projet : la vente directe. Si ses parents y passaient depuis plusieurs années 4 à 5 bêtes par an, il en est aujourd’hui à une douzaine (plus les veaux) et a pour objectif de passer à 2 bêtes/mois, le tout en caissettes mais aussi (et principalement à l’avenir) à la pièce.

« Le but est de transformer nous-mêmes en créant un laboratoire et une boutique. On compte embaucher un boucher et ma femme gérera la commercialisation. » L’investissement est estimé à 35 000 € pour les travaux et le magasin devrait voir le jour au printemps prochain. Le but : reprendre la main sur les marges. « Aujourd’hui en caissettes, une bête me coûte environ 1 000 €. En gérant la découpe à la ferme via le boucher, on réduit ce coût de moitié, ce qui nous laisse 500 € pour rembourser les emprunts. Et quand le laboratoire sera payé, ce sera du bénéfice en plus », assure l’éleveur !