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[Alimentation des vaches laitières]

Rations à risque : faites le point !


TNC le 08/02/2019 à 10:13
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Y a-t-il des rations à risque pour la santé des vaches ? La réponse est oui. Les experts alimentation des chambres d'agriculture de Bretagne font le tour de la question. Ration 100 % maïs, début de lactation, acidose... : il existe beaucoup de points de vigilance à prendre en considération.

Les chambres d’agriculture de Bretagne font le point sur l’alimentation des vaches laitières dans un guide co-rédigé avec l’Idele. Sous la forme d’un vrai/faux, il répond aux questions pratiques des éleveurs et montre que certaines affirmations ne sont pas toujours justes. C’est notamment le cas des rations à risque : les conseillers alimentation affirment par exemple que « non, une ration 100 % ensilage de maïs ne présente aucun risque pour les vaches laitières ».

« Les vaches préfèrent les rations diversifiées » : FAUX !

Plusieurs études montrent que les rations diversifiées n’améliorent ni la production, ni la santé, ni la reproduction des vaches laitières. Les conseillers confirment que par rapport à une ration de base 100 % maïs ensilage, l’apport d’un fourrage vert (affouragement en vert, ensilage d’herbe ou luzerne) n’améliore ni la production, ni les taux. « Le TP peut même baisser si les apports énergétiques sont insuffisants. »

« J’ai intérêt à faire analyser mes fourrages » : VRAI !

Les experts sont tous d’accord sur ce point : « L’analyse doit être faite dès la récolte sur le fourrage vert. L’échantillon doit être représentatif et les méthodes d’analyse doivent être adéquates. Les valeurs UF et PDI ne peuvent être calculées de façon fiable que pour les espèces pures ou les mélanges RGA-TB. Dans les autres cas, privilégier les critères chimiques (cellulose brute, MAT, MS). » Ils mettent cependant en garde : « La valeur issue des analyses n’est qu’une valeur potentielle. C’est l’observation des animaux et de leurs performances qui permet de déterminer si des adaptations sont nécessaires. »

« Une ration 100 % ensilage de maïs est une ration à risque pour les vaches laitières » : FAUX !

Les performances économiques et sanitaires de certains élevages à haut niveau de production prouvent que ce type de ration fonctionne. Les conseillers expliquent alors : « Le risque d’acidose n’est pas lié à l’ensilage de maïs lui-même, mais à un cumul de facteurs de risque : hachage trop fin à l’auge, + de 30 % de concentré dans la ration, + de 30 % d’amidon dans la ration. »

« Certains animaux sont plus sensibles que d’autres aux risques métaboliques de début de lactation » : VRAI !

Les données de la ferme expérimentale de Trévarez ont montré que le passé sanitaire des animaux est important pour évaluer le niveau de risque métabolique. Les spécialistes conseillent de surveiller plus particulièrement les animaux à risque : ceux ayant déjà eu un problème métabolique à la lactation précédente, ayant eu un vêlage difficile et les vaches grasses au vêlage.

« L’acidose ou la subacidose sont courantes sur les rations bretonnes » : FAUX !

Une étude réalisée en 2014/2015 (Casdar AcID), l’acidose reste rare : seulement 1 à 2 % des vaches sur la zone regroupant 25 000 troupeaux et consommant des rations à base d’ensilage de maïs ont présenté les indicateurs d’acidose actuellement disponibles. Seulement 5 % des troupeaux étudiés comportaient quelques vaches atteintes. Plus étonnant encore : parmi les vaches considérées en acidose un mois donné, seulement 14 % le restent le mois suivant, sans que l’éleveur ait modifié sa ration.

« J’ai toujours intérêt à apporter du bicarbonate de sodium » : FAUX !

Une bonne rumination suffit : elle apporte jusqu’à 2 kg de bicarbonate de sodium par jour. En cas de risque acidogène, les experts conseillent cependant de « corriger rapidement la ration en introduisant des fibres longues ou des aliments tampons, un ensilage de maïs pas trop fin, ou revoir les modalités d’apport des concentrés et des betteraves. L’apport de 200 g de bicarbonate par vache et par jour doit être maintenu tant que les conditions acidogènes persistent. » Si son effet curatif a été démontré, il semble ne pas avoir d’effet préventif ; un excès d’apport peut même freiner l’ingestion des fourrages.