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Bovin allaitant

Plutôt IA ou taureau ?


TNC le 25/08/2021 à 06:03
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L'IA permet de choisir les meilleurs géniteurs tout en limitant les risques sanitaires sur le troupeau. Si elle est bien gérée, elle n'est pas plus onéreuse que la monte naturelle. Cependant, seuls 33 % des éleveurs allaitants la pratiquent : beaucoup redoutent la charge de travail supplémentaire engendrée par la détection des chaleurs.

Si l’insémination artificielle se pratique dans plus de 79 % des élevages laitiers, elle reste peu utilisée sur les troupeaux allaitants. En effet, 67 % des élevages allaitants sont en monte naturelle et en 2017, seuls 5 % des troupeaux sont intégralement à l’IA. Selon les races, les veaux issus d’IA représentent de 6 à 31 % des naissances sur la campagne 2018 – 2019 d’après Reproscope de l’Institut de l’élevage. Les races Blanc Bleu, Bazadaises ou encore Parthenaises sont celles qui comptent le plus d’IA.

Rien de mieux qu’un taureau pour détecter les chaleurs

Il est indéniable que la monte naturelle limite les interventions de l’éleveur : pas besoin de s’occuper de la détection des chaleurs, le taureau s’en occupe très bien et les vaches sont saillies au bon moment. C’est certainement la technique de reproduction la moins chronophage pour l’éleveur, mais la monte naturelle n’est pas sans inconvénients. Avec un taureau pour 30 vaches, difficile de bénéficier d’une grande diversité génétique.

Avantages de l’IA :

Sanitaire

L’IA permet avant tout d’éviter la diffusion des maladies. « Les animaux prélevés sont exempts de toutes affections vénériennes. Détenir un taureau, le partager ou le louer avec d’autres exploitations augmente le risque qu’il diffuse le pathogène au sein du troupeau » explique Hélène Boÿreau à l’occasion de sa thèse de doctorat en médecine vétérinaire sur le développement de l’IA en allaitant. Cela permet également de prévenir les accidents lors de la saison des montes.

Génétique

L’IA offre la possibilité de raisonner au cas par cas pour augmenter la valeur génétique du troupeau. Une vache mauvaise laitière pourra être croisée avec un taureau dont les filles sont bonnes productrices. Il devient ainsi possible de disposer d’un panel de géniteurs de bonne qualité afin de mettre en place un plan d’accouplement. En effet, on étudie généralement le potentiel des taureaux de monte naturelle selon les performances des parents. Il est ainsi possible de disposer de taureau porteur d’un défaut génétique ne s’exprimant que sur la descendance. La sélection des taureaux sur descendance plutôt que sur ascendance réduit donc ce risque.

Les gains génétiques sont multiples. « En race Charolaise, les génisses issues d’IA pèsent en moyenne 13 kg de plus à 210 jours que les femelles nées d’un père de monte naturelle. Elles sont également plus fréquemment conservées pour la reproduction. »

Economique

« En tenant compte du nombre de taureaux nécessaire pour saillir 100 vaches et 15 génisses, de leur coût d’achat, de l’entretien pendant cette période et en estimant leur utilisation sur une période de trois ans, l’utilisation de l’insémination artificielle était plus rentable. L’insémination artificielle était utilisée avec un protocole de synchronisation avec un taux de réussite de 90 % pour les vaches et 85 % pour les génisses ». La rentabilité de l’IA est étroitement liée au taux de réussite et à la race. 

Dans les exploitations totalement à l’IA, il devient possible de remplacer le taureau par une femelle pour obtenir davantage de produits de vente. 

L’IA permet de contrôler de manière plus précise les saillies et le pourcentage de réussite. C’est aussi un moyen de mettre en place des vêlage groupés, et ce plus encore avec des protocoles de synchronisation des chaleurs.   

La détection des chaleurs, le principal frein à l’IA

Hélène Boÿreau a cherché à mettre en évidence les principaux freins au développement de l’IA dans les systèmes allaitants. Sur 94 éleveurs interrogés, les principaux freins à la pratique de l’IA mis en évidence sont la charge de travail supplémentaire, le temps nécessaire à observer les vaches pour la détection des chaleurs, ainsi que la difficulté à détecter les chaleurs. En effet, la surveillance des chaleurs doit se faire lorsque le troupeau est calme, hors des horaires de paillage ou d’affouragement. C’est donc une astreinte en plus pour l’éleveur. Le coût généré par l’IA intervient ensuite dans une moindre mesure « 61 % des éleveurs sont conscient que l’achat et l’entretien d’un taureau est susceptible d’avoir un coût plus élevé que la pratique de l’insémination artificielle avec de bons taux de gestation ». Il n’empêche que les objectifs élevés en termes de taux de réussite peuvent peser dans la balance. La jeune vétérinaire complète : « dans mon secteur, les Pyrénées-Atlantiques, avec 90 % de la clientèle en Blonde d’Aquitaine, les éleveurs l’utilisent surtout sur des génisses, ou sur des vaches qui ont du mal à prendre avec un protocole de synchronisation ».

L’IA est d’ailleurs plus ou moins compatible avec les différentes pratiques d’élevage.  Dans un contexte d’augmentation des troupeaux et de stratégie de réduction des coûts, beaucoup d’éleveurs développent les systèmes pâturants. Avec des vêlages de printemps, la détection des chaleurs doit se faire au pâturage. Il est alors plus compliqué d’observer les vaches, et tous les éleveurs ne disposent pas de systèmes de contention au pâturage pour l’IA. 

Détecteurs ou synchronisation des chaleurs pour aider les éleveurs

La rigueur dans la détection des chaleurs est essentielle pour avoir des bons résultats à l’IA. Cet aspect peut intimider les éleveurs, mais des solutions existent. Des programmes de synchronisation des chaleurs reviennent en général à un vingtaine d’euros par vache. Les détecteurs de chaleur aident également.