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Gaec de la Hutte au Gabelous (53)

Pâturage et concentrés maison au menu d’un élevage robotisé


Alimentation et fourrages le 12/01/2018 à 07:25
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Équipés de robots de traite, Magali et Ludovic Foureau vont doubler la surface pâturée en 2018 et ajouter la féverole toastée aux autres aliments concentrés produits sur place.

Après cinq années d’utilisation de leurs deux robots de traite pour 100 vaches laitières, Magali et Ludovic Foureau sont plutôt satisfaits. Certes, le téléphone est susceptible de biper à tout moment pour signaler un dysfonctionnement, mais le couple a quand même gagné en souplesse dans l’organisation du travail. Ce virage technologique sur l’exploitation n’a pas empêché les éleveurs de maintenir le pâturage, et même de le renforcer. L’opportunité de reprendre 30 ha de terres voisines va leur permettre de passer de 20 à 35 ha de prairies pâturées autour de la stabulation. « Nous avons commencé à mettre en place le pâturage tournant dynamique en 2017, mais il sera vraiment opérationnel en 2018 avec l’agrandissement, indique Ludovic. La pousse de l’herbe a été très belle cette année et nous avons pu fermer le silo d’ensilage de maïs pendant neuf semaines d’avril à juin. Les vaches ont reçu en complément du maïs épi humide et du foin. »

A terme, les prairies pâturées seront découpées en trente parcelles dans le but d’alterner des parcelles de jour et d’autres de nuit, et de changer de paddock tous les deux jours. La porte de tri à la sortie du bâtiment interdit le passage vers l’extérieur à toute vache n’ayant pas visité le robot.

Pour Ludovic et Magali, le développement du pâturage s’inscrit dans une stratégie d’amélioration de l’autonomie alimentaire. En 2012 déjà, ils ont implanté de la luzerne sur des terres éloignées pour la valoriser en ensilage, enrubannage et foin. Cela a remplacé les balles de luzerne déshydratée achetées auparavant. Ils cultivent aussi 3 ha de betterave fourragère depuis quatre ans : les racines très énergétiques sont ajoutées chaque matin par Ludovic à la ration d’ensilage de maïs distribuée par la Cuma. « Cela contribue au maintien de l’état des vaches et à leur bonne santé », observe l’éleveur.

Dix hectares de maïs grain produits sur l’exploitation sont récoltés en épis (grain + rafle) par l’ensileuse. Sept hectares sont stockés en silo humide, et trois hectares sont déshydratés et transformés en bouchons afin d’être utilisés pour les veaux et comme concentré au robot : « c’est moins cher que les concentrés du commerce ! ». Stocké à plat à côté des bouchons de maïs, le tourteau de colza est désormais acheté par camion de 25 tonnes pour un prix plus compétitif. « Et je vais essayer de me passer de tourteau de soja cet hiver », souligne Ludovic. En 2018, l’éleveur se lancera dans 5 ha de féverole, dont les graines seront toastées avant d’être distribuées au robot. « Cela améliore la digestibilité et la valeur en protéines, et permettra de réduire les achats de tourteaux. »

La production laitière représente 75 % de la marge brute de cette exploitation, aux côtés de l’atelier canards (23 %) et des cultures (3 %). En moyenne sur trois ans avec un prix du lait de 314 euros/1 000 litres, le Gaec dégage 210 euros de marge brute pour 1 000 litres de lait (en dehors des aides) : une valeur très proche des 204 euros constatés en moyenne dans les repères du Cerfrance Mayenne-Sarthe. Le coût alimentaire est compétitif aussi bien côté fourrages que côté concentrés : il s’élève à 94 euros/1 000 litres en moyenne sur trois ans, contre 136 euros dans les fermes repères. Entre 2015 et 2017, ce coût alimentaire est passé de 102 à 82 euros/1 000 litres.

Au bout du compte, la valeur ajoutée de l’exploitation représente 36 % du produit brut (10 points de plus que la moyenne des exploitations laitières du Cerfrance Mayenne-Sarthe) et 47 500 euros/UTH. « La ferme tourne bien, reconnaît Ludovic. Mais nous n’excluons pas pour autant d’arrêter avant la retraite. Cela dépendra en partie de la motivation de notre fils de 14 ans. C’est prenant, nous pensons beaucoup au travail et parfois ça pèse. » Avec la fin prochaine d’une partie des annuités à rembourser, Ludovic et Magali envisagent notamment l’arrêt du canardier qui occupe un temps plein à lui seul. A 40 ans, ils aspirent désormais à dégager davantage de temps pour leur famille de trois enfants.