Accéder au contenu principal
Santé animale

Maladies respiratoires : pourquoi les bovins sont si fragiles ?


TNC le 17/05/2023 à 04:59
fiches_maladies_respiratoires_chez_les_bovins-1

La physiologie des bovins les rend particulièrement sensibles aux maladies respiratoires. (©Pixabay - Claire2003)

Petits, compartimentés, mal vascularisés... Les poumons des bovins ont tout pour attirer les maladies respiratoires. En particulier chez les races à viande.

Les troubles respiratoires font partie du lot de tous les éleveurs. Mortalité chez le jeune veau, retard de croissance chez les broutards… Mais pourquoi les bovins ont-ils la toux si facile ? Malheureusement pour eux, leur morphologie pulmonaire n’est pas à leur avantage. Et si le problème est autant répandu, c’est parce que les bovins sont des « insuffisants respiratoires chroniques ». 

Une insuffisance respiratoire naturelle

  • De petites poumons

Les bovins ont de petits poumons par rapport à leur corpulence. Les poumons d’un homme adulte ont une capacité moyenne de 4 litres, là où la capacité pulmonaire d’un bovin de 500 kg avoisine les 12 litres. A poids égal, le volume respiratoire des bovins est inférieur de moitié à celui des humains. Le cheval, de corpulence comparable, dispose quant à lui d’un volume pulmonaire de 42 litres !

  • Une faible vascularisation

Pour ne rien arranger, les poumons des bovins présentent une faible vascularisation. Les capillaires, petits vaisseaux où les globules rouges se chargent en oxygène, sont moins nombreux chez les bovins que chez les équins.

  • Des poumons très compartimentés

Les poumons des bovins sont assez compartimentés. Le poumon droit se divise en 6 lobes, et le gauche en 3 lobes. Cette organisation permet certes de cloisonner le développement de foyers pathologiques, mais elle limite la capacité des poumons à modifier leur volume.

Et surtout, en présence de lésions, la compartimentation condamne une partie du poumon dès lors qu’elle se situe en aval d’une obstruction bronchique. En comparaison, les poumons humains disposent de voies collatérales permettant d’assurer une bonne ventilation malgré les obstructions.

  • Des voies respiratoires étroites

Les bovins disposent également d’une trachée et de bronches assez étroites. Ainsi, lorsque les bovins respirent, le flux d’air est jusqu’à trois fois plus rapide que chez les autres mammifères. Cette particularité anatomique rend l’animal vulnérable. En effet, les voies respiratoires ont pour mission de conditionner l’air ambiant à l’univers stérile des poumons. La rapidité du flux d’air rend alors les muqueuses particulièrement sensibles aux irritations. 

Une fréquence respiratoire compensatrice

Pour compenser ses plus faibles capacités physiologiques, le bovin a une ventilation plus importante. Le volume d’air mobilisé à chaque respiration représente 30 % du volume total des poumons, contre 11 % chez l’homme. Sa fréquence respiratoire, à raison de 15 à 35 mouvements par minute est également supérieure. Ainsi, pour un même niveau d’oxygénation du sang, les bovins utilisent jusqu’à deux fois plus de volume d’air que les autres mammifères. 

Les broutards particulièrement sensibles

Cette fragilité est encore plus prononcée chez les bovins typés viande. Plus le poids de l’animal augmente, plus la masse musculaire à oxygéner est importante à volume pulmonaire fixe. Les mâles, généralement plus lourds et plus conformés que les femelles, sont davantage concernés par les troubles respiratoires.

Soumis à un même effort, les bovins viandeux affichent moins d’oxygène, et plus de dioxyde de carbone dans le sang que les bovins laitiers du même âge.

Les culards ont également des voies respiratoires assez étroites, ce qui offre autant de résistance à l’écoulement de l’air. Une affection respiratoire bénigne chez un bovin laitier, pourra avoir des conséquences plus lourdes sur un bovin disposant du gène culard.

Enfin, les jeunes animaux sont particulièrement sensibles aux troubles respiratoires, car l’efficacité maximale des échanges gazeux n’est atteinte que lorsque l’animal a 1 an.