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Reportage

L’ostéo qui guérit les taureaux


TNC le 29/03/2023 à 10:03

Chez Luc Dupaquier, éleveur en Côte d'Or, l'ostéopathie bovine a fait ses preuves. L'occasion pour Céline Malonga, son ostéopathe, de nous expliquer comment elle procède.

Chez Luc Dupaquier, éleveur allaitant au Gaec des Granges de Vesvres, les bovins sont bichonnés. Céline Malonga, ostéopathe animalière vient régulièrement contrôler les taureaux et intervient au besoin sur les animaux souffrants. Si l’éleveur a longtemps été dubitatif quant aux médecines alternatives, l’intervention de Céline sur le taureau Rubis il y a 14 mois l’a convaincu.

Le taureau Rubis, sauvé par l’ostéopathie

Âgé d’un an et demi, l’animal ne parvenait plus à saillir les vaches, trouble auquel l’ostéopathe a su remédier. A son arrivée, l’éleveur était sceptique se souvient Céline : « il m’a dit que si c’était juste pour lui caresser la croupe, il pouvait le faire lui-même ! ». Il faut dire que l’intervention de la praticienne n’a au premier abord rien de spectaculaire. « Je fais le pari d’opter pour des techniques douces. Inutile d’utiliser la force sur un taureau qui fait plus de 15 fois mon poids », assume la jeune ostéopathe.

Dans le cas de Rubis, les médecines alternatives ont été l’occasion d’éviter l’opération prescrite par le vétérinaire : « à 400 € l’intervention, je cherchais une alternative à moindre frais… », précise l’agriculteur bourguignon qui s’en est tiré pour 60 € la séance (hors frais de déplacement). Après deux manipulations, le taureau charolais comptait fleurette avec ses partenaires.

Depuis, il intègre l’ostéopathie aux soins apportés au cheptel. « Je fais moins de traitements vétérinaires, et ça me permet surtout d’éviter de réformer certaines bêtes, ou de les remettre d’aplomb pour en tirer le meilleur profit à la vente ».

Un complément à la médecine vétérinaire

Des résultats qui ne surprennent pas Céline Malonga. « Lorsqu’il y a quelque chose qui ne va pas, mais que l’animal n’est pas malade, on peut penser à l’ostéopathie », précise la thérapeute installée en Côte d’Or.

Si la pratique est encore méconnue des éleveurs, le bouche à oreille et les injonctions à limiter l’usage de produits médicamenteux aident au développement des médecines douces.

Quand appeler un ostéopathe bovin ?

  • Pour des problèmes ostéoarticulaires, boiteries ou tout type de problème de locomotion
  • En cas de post-vêlage délicat, pour le veau (veau dérotulé), comme pour la vache
  • Pour des problèmes viscéraux
  • En cas de problèmes de reproduction 
  • Lors d’un changement comportemental brutal

Plusieurs types de consultations sont possibles. Le préventif, assez rare, est surtout pratiqué auprès des animaux de concours. Les éleveurs optent généralement pour des soins curatifs suite à un évènement particulier : « c’est typiquement le cas d’un animal qui s’est fait mal », précise l’ostéopathe. Des soins palliatifs peuvent également être accordés pour tirer le meilleur parti d’un bovin souffrant. « Souvent, on sait que l’on ne guérira pas l’animal, mais cela aide à le remettre en forme pour la finition ou pour la fin de lactation ».

Comment se déroule la consultation ?

Si le déroulé de la consultation est propre à chaque praticien, Céline Malonga a accepté de détailler ses pratiques. 

  • La prise de rendez-vous : Céline prend connaissance au téléphone de l’état de l’animal et des dispositifs de contention présents sur l’exploitation. « C’est important d’avoir des détails, car tout ne se traite pas forcément via l’ostéopathie, et il faut parfois que je fasse des petites recherches ».
  • Le premier contact : la consultation débute par des caresses. « Il faut prendre son temps » insiste la praticienne, l’objectif est d’établir une relation de confiance avec le bovin pour la manipulation.  Et les animaux sont plus ou moins avenants, mais s’abandonnent généralement aux mains expertes de l’ostéopathe après quelques minutes. « En un an, sur 155 bovins examinés, il n’y a qu’un bovin qui ne s’est pas prêté au jeu », commente Céline.
  • Identification des zones de tension : cette phase correspond au commencement de l’examen à proprement parler. « Le but est de repérer le chaud, le froid, les zones douloureuses, sensibles ou insensibles, les déformations… ». Une manière d’apprécier l’état général de l’animal et d’avoir des pistes sur l’origine du mal.
  • Détente de l’axe cranio-sacré (de la tête à la queue) : Céline travaille sur chaque vertèbre en partant de la queue pour identifier les zones de blocage. « Je vais appuyer pour compresser les vertèbres, comme on compresserait un ressort pour réorganiser la colonne vertébrale de l’animal. » Généralement, cette phase ne laisse pas indifférent. « Il y en a même qui coopèrent et se mettent à reculer ! » explique Céline. Attention toutefois à ne pas se faire bousculer par des animaux de cette taille.
  • Réorganisation des tissus et fascias : La praticienne travaille ensuite sur les tissus qui enveloppent les différentes structures du corps (muscles, os, nerfs…). Le but, s’assurer que chacun d’entre eux soit en mouvement. « Lorsqu’un muscle n’est pas sollicité, il fond et c’est là qu’arrivent les douleurs. Mon rôle, c’est de le remobiliser. »
  • Manipulations viscérales : de nombreuses autres techniques peuvent être utilisées selon les cas, avec notamment des manipulations au niveau des viscères.
  • Observation de l’animal : l’effet de la consultation n’est pas immédiat, il faut généralement un à deux jours pour en apprécier le résultat. « Après une heure de manipulation, l’animal ressort assez fatigué ».