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Sommet de l'élevage 2021

L’innovation au service du bien-être animal


AFP le 09/10/2021 à 06:50

Laisser le veau téter sa mère, surveiller à distance la température de l'étable, assurer l'étourdissement à l'abattoir : au Sommet de l'élevage, innovations et expérimentations mettent en avant le bien-être animal, pour rassurer le consommateur et améliorer la qualité des produits.

« La définition du bien-être animal est beaucoup plus large que la santé, elle intègre les notions de confort, de stress etc. », explique Luc Mounier, responsable de la chaire bien-être animal, créée en 2018 à l’école vétérinaire Vetagro sup Lyon, qui tient un stand au sommet dont la 30e édition s’est achevée vendredi à Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme).

Pour lui, productivité et bien-être sont inévitablement liés : « Plus on améliore la relation avec l’homme, moins l’animal est stressé, plus il produira ». Et l’impact sur l’environnement s’en ressent : « les animaux sont moins malades, consomment moins d’antibiotiques, la production est meilleure et nécessite moins d’intrants », ajoute-t-il.

« Le bien-être animal, c’est notre ADN, on n’a pas attendu que ce soit à la mode ! », se vante de son côté Samuel Boucard, responsable France de Bioretagri, rencontré dans les allées du sommet.

Parmi les produits stars de son entreprise fondée en 1993, un matelas à eau qui permet de réduire le stress thermique des vaches : « La température de confort de la vache se situe à 5°. Au-delà, elle dépense des calories au détriment de la production de lait. Le matelas améliore à la fois son confort et l’aide à réguler sa température », explique le responsable.

À quelques mètres, dans le hall principal, la « grange aux innovations » rassemble 17 start-up spécialisées dans le secteur agricole.

L’une d’elles, Well2be, propose une solution pour contrôler l’étourdissement des bovins et ovins dans l’abattoir. Un jet d’air est envoyé dans l’œil de l’animal : l’absence de réaction confirme l’étourdissement. Dans le cas contraire, une alerte est envoyée à l’abatteur.

« Contrairement à ce que laissent croire certaines associations type L214, 99 % des abattoirs font bien leur travail. Notre outil est une aide pour qu’ils puissent prouver que les bêtes ne souffrent pas », affirme Laurent Gautier, fondateur de la start-up.

Près de lui, Gwenaël Le Lay présente Copeeks, un boîtier connecté qui permet de mesurer la température, l’humidité, le taux d’ammoniac ou de dioxyde de carbone d’un bâtiment, ainsi que la consommation d’eau des animaux ou leur répartition spatiale…

« Concept pour citadins »

« Les innovations technologiques aident à améliorer le bien-être, mais l’éleveur ne doit pas perdre sa place. Elles doivent être utilisées à bon escient, afin que le temps gagné lui permette par exemple de passer plus de temps avec ses animaux », analyse M. Mounier.

Augmenter le confort de l’animal, respecter ses liens naturels : l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) expérimente de son côté l’élevage des veaux laitiers sous leur mère.

Dans les élevages laitiers traditionnels, les veaux sont séparés de leur génitrice dans les 24 heures qui suivent la naissance et élevés au biberon afin de préserver la production de lait.

Laissés avec leur mère, ils « sont en meilleure santé, la traite se fait une fois par jour, donc les contraintes pour l’éleveur sont limitées, et cela répond aussi aux attentes des citoyens en termes de bien-être animal », explique Dominique Pomiès, ingénieur à l’Inrae.

Les éleveurs croisés sur le sommet sont souvent dubitatifs face à ces initiatives d’un nouveau genre : « le bien-être, c’est un concept pour certains citadins. On aime nos animaux, on est tous les jours avec eux et on n’a pas envie de les voir souffrir », balaye Nicolas Verdier, à la tête d’un troupeau d’une cinquantaine de vaches ferrandaises à Bourg-Lastic (Puy-de-Dôme).

« Nos vaches, on les bichonne comme des animaux de compagnie », assure de son côté Marianne Chassot, 25 ans, dont les parents élèvent des Brunes laitières à Saint-Gaudens (Haute-Garonne). « Nous avons construit un nouveau bâtiment pour qu’elles aient plus d’espace, on leur met des ventilateurs, et elles ont même des brosses rotatives pour se gratter! », détaille encore la jeune femme.

Pour Luc Mounier, « la clé, c’est la formation des éleveurs, certains pensent faire bien sans avoir forcément conscience que certaines pratiques peuvent être améliorées » mais « il faut y aller pas à pas ».