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Congrès de la FNPL à Arras

L’éternelle question de la juste rémunération des éleveurs


TNC le 21/03/2019 à 18:58
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Les producteurs de lait de la FNPL étaient réunis en congrès annuel les 20 et 21 mars 2019 à Arras, dans le Pas-de-Calais. En invitant des représentants d’associations environnementales et « welfaristes », les producteurs se sont demandés, à juste titre, s’ils n’avaient pas déjà répondu aux nombreuses attentes sociétales en matière d’élevage. Au ministre de l’agriculture, leur président Thierry Roquefeuil a insisté sur l’attente pressante des éleveurs quant au retour de prix rémunérateurs. Car les effets – supposés – de la loi Alimentation sont jugés bien trop timides.

Pour son 75e congrès annuel qu’elle organisait les 20 et 21 mars 2019 à Arras, dans le Pas-de-Calais, la fédération nationale des producteurs de lait, branche laitière de la FNSEA, a notamment focalisé les débats sur les attentes sociétales à l’égard du métier d’éleveur. « Et si, au fond, on y avait déjà répondu ? », se sont-ils questionnés.

En invitant à débattre un représentant de l’association environnementale WWF et un autre de l’ONG « welfariste » Welfarm face à des éleveurs, la FNPL a voulu montrer à ses adhérents l’importance de poursuivre le dialogue avec des organisations souvent critiques à l’égard de l’élevage, mais aussi prêtes à reconnaître, quand il le faut, les efforts des éleveurs pour améliorer leurs pratiques.

Il a ainsi été beaucoup question de la place du pâturage, ardemment défendue par Arnaud Gauffier du WWF. « Le pâturage est important pour la biodiversité, l’indépendance protéique de la ferme France, et pour le climat », a-t-il rappelé. « Mais le meilleur moyen de réduire l’empreinte carbone de l’élevage, c’est de consommer moins ».

L’accès au pâturage, le cœur des attentes en matière de bien-être animal

« Le meilleur moyen, c’est d’intensifier la production par vache et parvenir à des premiers vêlages plus précoces », a rétorqué Daniel Perrin, trésorier de la FNPL, appelant à des mesures réglementaires permettant de « mieux gérer l’herbe ».

Pour Sandy Bensoussan-Carole, chargée d’études à l’association « welfariste » Welfarm, le pâturage est aussi une question de bien-être animal. « La première atteinte au bien-être animal, c’est le non-accès au pâturage. Ce dernier permet de développer l’activité physique, les stimulations cognitives et, plus globalement, l’expression du comportement naturel de la vache », a-t-elle plaidé. « Quand cela est possible, les éleveurs mettent leurs vaches à l’herbe le plus longtemps possible », a confirmé Ghislain de Viron, administrateur sarthois de la FNPL.

Outre les questions – davantage que de strictes « attentes » – sociétales, la principale interrogation des éleveurs reste celle du prix du lait. La veille, les congressistes s’étaient posé une autre question : « comment permettre aux producteurs de lait de bénéficier pleinement du modèle social français ? » La rémunération du travail fourni reste évidemment au cœur de cette interrogation. « Quelle visibilité peut-on offrir à des jeunes lorsqu’une fin de carrière complète se solde par une retraite mensuelle inférieure à 1 000 € ? », a ainsi questionné Thierry Roquefeuil dans son discours de clôture.

Se passer de certains services et conseils devenus trop coûteux ?

Alors qu’il devient très difficile – voire désormais impossible pour de nombreux éleveurs – de comprimer davantage les charges fixes des exploitations et le coût alimentaire du troupeau, l’idée de faire restructurer les services aux éleveurs émerge au sein du syndicat laitier. « Si, pour être plus compétitif et ainsi obtenir une meilleure rémunération, il faudra se passer des multiples conseils et services dont les prix ne cessent d’augmenter, on en passera par là », a résumé André Bonnard, secrétaire général de la FNPL. « Non seulement les éleveurs peuvent l’exiger collectivement en tant que clients, mais ils le peuvent à moyen et long terme en exigeant une refonte des réglementations qui encadre la plupart des organismes de services », explique-t-il, citant le projet de règlement zootechnique européen.

Quant au prix du lait payé aux éleveurs, ces derniers attendent toujours des effets tangibles de la loi Alimentation plus significatifs. « Le chiffre de 396/1 000 l devant servir de base dans les contrats laitiers, ce n’est pas un chiffre syndical, c’est la vraie vie, celle de nos fermes ! », a rappelé Thierry Roquefeuil, président de la FNPL, au ministre de l’agriculture, venu clôturer le congrès.

« Les producteurs de lait n’ont pas vu grand-chose des États généraux de l’alimentation », a-t-il insisté auprès de Didier Guillaume. « L’objectif qui consiste à couvrir les coûts de revient des producteurs ne peut être atteint que si l’ensemble de la gamme des produits laitiers est concerné par les accords et partenariats. »

Lors du dernier Salon de l’agriculture, Didier Guillaume avait annoncé la création d’une commission d’enquête sur les pratiques de la grande distribution dans le cadre des négociations commerciales et des nouvelles dispositions de la loi Alimentation. Mais la FNPL reste assez dubitative quant à ce qu’il faut attendre de cette commission.

De son côté, le ministre a insisté sur un point déjà évoqué par Emmanuel Macron depuis son arrivée à l’Elysée : « La meilleure rémunération des producteurs ne pourra se faire qu’avec des filières organisées ». « À partir du mois d’avril, un comité de suivi des plans de filière sera mis en place, avec des points trimestriels. »

Dans le cadre de cette meilleure structuration des producteurs, Emmanuel Macron avait aussi évoqué la création d’organisations de producteurs commerciales. « Un groupe de travail sur ces OPC sera mis en place », a assuré le ministre. Mais, selon Thierry Roquefeuil, « attention ! N’oublions pas que 60 % de la collecte laitière est faite par des coopératives qui sont des organisations économiques avec transferts de propriété. Ce n’est pas forcément un gage de meilleur prix du lait pour les producteurs. »