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Cicta

Les chances de préserver le thon obèse s’amenuisent


AFP le 19/11/2018 à 17:50

La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta) n'est pas parvenue dimanche soir à un consensus pour des mesures renforcées de protection du thon obèse, victime de surpêche, faisant craindre qu'aucun accord ne soit trouvé avant la clôture lundi de sa 21e réunion extraordinaire.

Une cinquantaine d’États, l’Union européenne, des représentants du secteur de la pêche, d’ONG et des scientifiques sont réunis depuis le 12 novembre en Croatie, à Dubrovnik, pour discuter de la situation de ce thon tropical. Début octobre, le comité scientifique de la Cicta dressait un bilan alarmiste : le thon obèse, apprécié en conserve comme en sashimi, est surexploité et l’espèce est dans le rouge. 

Tout au long de la semaine, les parties prenantes ont examiné différentes propositions. Dimanche, le dernier texte en date proposait de « mettre en œuvre un programme de rétablissement de 15 ans pour le thon obèse », jusqu’en 2033. Cette proposition fixe un quota annuel de pêche de 62 500 tonnes pour 2019, 2020 et 2021. Actuellement le quota est fixé à 65 000 tonnes mais ne concerne que sept parties prenantes, dont l’UE et le Japon, les deux plus gros pêcheurs de thons obèses. D’autres pays échappent au système des quotas. Résultat, le total des prises a frôlé les 80 000 tonnes en 2017. Pour y remédier, le texte propose d’inclure les pays pêchant plus de 1 575 tonnes par an de thon obèse dans le système des quotas. Ce texte comprend des mesures pour limiter l’usage des DCP, des radeaux flottants servant d’appât pour les poissons avant de les prendre dans des filets. Ces dispositifs piègent un grand nombre de thons obèses juvéniles.

Dimanche soir, au terme d’une réunion de travail prolongée, aucun consensus ne s’est dégagé autour de ce texte. « C’est fini », craignait Gualberto Rita, président de la fédération de pêche des Açores, s’inquiétant de l’absence d’un accord pour les petites communautés comme la sienne, très dépendantes de la pêche du thon obèse. « À la surprise générale, il n’y a pas eu d’accord », indiquait une autre source. Les chances de parvenir à un consensus global d’ici à lundi soir sont à présent très minces, voire nulles, estimaient plusieurs sources. La Cicta conserverait alors le quota de pêche actuel de 65 000 tonnes, estimait l’une d’elles.

Les consultations en coulisse se poursuivaient dans la soirée et « rien n’est décidé » concernant le quota total de pêche, affirmait une autre source. « Ce serait extrêmement décevant » si la Cicta ne parvenait pas à un compromis global, a commenté Grantly Galland, de l’ONG Pew. En 2007, la Cicta avait adopté des mesures drastiques concernant le thon rouge, alors surexploité, au terme de plusieurs années d’atermoiement, ce qui a permis de reconstituer les stocks.