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Ours

Les anti-ours manifestent, remobilisés après une attaque de brebis


AFP le 06/05/2019 à 18:35

Des éleveurs ouest-pyrénéens hostiles à l'ours ont manifesté lundi à Pau, première mobilisation depuis la réintroduction de deux ourses en Béarn à l'automne, et alors qu'une brebis a été tuée la semaine dernière, vraisemblable victime d'une de ces ourses.

« La transhumance n’a pas encore commencé, et ça « tape » déjà ! Pour les premiers (éleveurs) qui vont monter, dès la semaine prochaine, ils ont le nœud à l’estomac, tout le monde a peur à Larrau », a lancé Jean-Pierre Pommiès, éleveur de la vallée d’Ossau, à une soixantaine d’éleveurs réunis devant la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.

Les tensions, vives au moment de la réintroduction des ourses slovènes « Claverina » et « Sorita » en octobre, ont été de nouveau exacerbées cette semaine après la découverte d’une brebis morte, probable victime de Claverina, dans une exploitation de Larrau au Pays basque.

L’expertise menée par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) confirme que la brebis a été victime d’une « prédation » au moment où une balise plaçait l’ourse au même endroit. « On ne peut pas écarter la responsabilité de l’ours », a conclu la DDTM, qui a lancé une procédure d’indemnisation de l’éleveur. « Ce qui se passe, on l’avait prédit. Ça fait des décennies qu’on dit qu’on ne veut pas de ces réintroductions d’ourses, qu’il fallait qu’elles restent tranquilles en Slovénie », a pesté lundi Olivier Maurin, éleveur et chef de file des anti-ours en vallée d’Aspe.

Claverina avait attaqué une brebis dans les Pyrénées espagnoles en novembre, selon le gouvernement régional de Navarre. Depuis son lâcher en Béarn en octobre, elle a passé le plus clair de son temps en Espagne, hibernant en Aragon.

Un groupe de militants pro-ours était aussi présent à Pau lundi. Pour eux, ours et homme ont toujours cohabité, et le déclin de l’ours a eu pour synonyme le recul du berger. Pour Eurydice Bled, porte-parole d’EELV en Béarn, le « seul argument valable (des anti-ours) c’est qu’ils n’ont pas envie de rester à surveiller leur brebis, ce sont pas des bergers, ce sont des éleveurs ».

Selon l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), les Pyrénées comptaient en 2018 une quarantaine d’ours, en comptant les deux relâchées en octobre. L’opposition des « anti » est particulièrement virulente dans les Pyrénées centrales, où les plantigrades sont plus nombreux, notamment en Ariège où les dossiers d’indemnisation pour dommages lié à l’ours ont doublé en 2018, à 448 cas.

Le rassemblement de Pau coïncidait avec la tenue d’une commission régulière d’indemnisation des dégâts imputés aux prédateurs. L’an dernier, la présence d’un « hybride » entre loup et chien avait été signalée dans les Pyrénées-Atlantiques.