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Décapitalisation du cheptel bovin

L’équivalent d’un milliard d’euros perdu en 20 ans


TNC le 04/04/2022 à 10:42
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La France présente une très grande diversité raciale, avec 11 races laitières, 15 races allaitantes et 11 races à petits effectifs. (©Pixabay)

Races de France tenait à chiffrer le décapitalisation du cheptel bovin français pour faire prendre conscience de la valeur de la génétique, dans un contexte où la question de la souveraineté alimentaire refait surface.

« Nous voulions donner une valeur estimative de la ferme France. On donne toujours une estimation en nombre de tête, mais jamais en valeur. Or, la décapitalisation, c’est aussi une perte en capital pour la France », explique Hugues Pichard, éleveur de Charolaises et président de Races de France à l’occasion des rencontres organisées par FranceAgriMer au Sia 2022. 

Avec la décapitalisation bovine, l’équivalent d’un milliard d’euros de pertes

Le cheptel français de femelles en vaches laitières, constitué de 3,5 millions d’animaux aurait une valeur de 4,64 milliards d’euros. Le cheptel de femelles en bovin viande avoisine quant à lui les 3,7 millions de têtes, pour une valeur de 6,31 milliards d’euros, sans compter la production permise par ces troupeaux. 

« Le graphique de la perte des effectifs bovins montre que l’on a perdu environ 332 000 bovins viande et 366 000 bovins lait sur ces 20 dernières années. Mais si l’on multiplie le nombre de têtes par le prix de chaque animal, l’on se rend compte qu’on avoisine le milliard de pertes en capital, et un milliard et demi en pertes de production. Les chiffres sont effrayants pour moi. On sait que le lait a eu, par des travaux génétiques, la capacité de conserver la production laitière malgré la chute du nombre de vaches. Le même défi attend les autres races. Il va falloir que l’on prenne la mesure du problème car notre souveraineté alimentaire est une question que le contexte actuel remet au goût du jour. »

La décapitalisation est difficile à compenser par des gains de productivité (© FranceAgriMer)

La souveraineté alimentaire grâce à la génétique

Répondre aux besoins alimentaires, c’est répondre à un volume, mais également à un type de produits. Pour Hugues Pichard, « il faut que la génétique permette de sélectionner des animaux qui correspondent mieux au marché. Il faut observer le marché pour mieux y correspondre. » En viande bovine, on observe une adéquation entre le volume de produits et le volume de consommé, mais les Français recherchent davantage de la viande de femelle. Résultat, la France importe de la viande de femelle et exporte de la viande de JB. De même, la filière viande bovine rencontre de nouvelles problématiques, avec la progression des ventes de viande hachée qui chamboule les équilibres. 

« Le génotypage, c’est le mot à la mode, concède Hugues Pichard, mais il permet de trouver pour chaque espèce des gènes d’intérêt. Certains ont un impact économique, et il faut travailler dessus, car via le travail génétique, il est possible de gagner un gros pourcentage de productivité. »

A titre d’exemple, la race charolaise a un problème d’ataxie (le cheptel charolais compte entre 2 et 5 % d’homozygotie sur l’ataxie), et il est fort possible que les autres races rencontrent des problèmes génétiques du même ordre. Typer ces animaux via le génotypage permettrait de garantir les filiations pour proposer des populations plus solides et donc à long terme de gagner en productivité.