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Autonomie protéique

Le soja français, beaucoup de bruit pour peu d’hectares


TNC le 29/03/2023 à 08:14

Doté de 100 millions d'euros pour soutenir la production française de protéines végétales, le Plan protéines a encore du chemin à parcourir pour atteindre ses objectifs.

Malgré les injonctions du Plan protéines à développer les cultures d’oléoprotéagineux, la production de soja française reste à la traine. Avec 160 000 ha implantés en 2022, la France est loin de l’objectif fixé par la stratégie nationale, qui table sur l’implantation de 300 000 ha à horizon 2028. « Les rendements n’étant pas au rendez-vous, la culture peine à s’imposer » résume Corinne Peyronnet de Terres Univia à l’occasion des rencontres de l’AFPF.

Pourtant, les raisons d’améliorer notre autonomie sont nombreuses. Tout d’abord parce qu’il s’agit d’une « question de souveraineté » explique Boris Duflot, directeur du service économie de l’Institut de l’élevage, mais également parce que la donne a changé. « Aujourd’hui, la production de soja s’est déplacée des Etats-Unis au Brésil, avec les enjeux que l’on connait sur la déforestation, l’utilisation de variétés OGM et de pesticides interdits en Europe ».

Sur les quatre dernières années, la collecte française de soja a peiné à atteindre les 400 000 tonnes, là où les importations de graine entière avoisinent les 4 à 600 000 tonnes. Les volumes de tourteaux de soja importés approchent quant à eux les 3 millions de tonnes.

Le tourteau de soja reste compétitif

« Le problème, c’est que le tourteau de soja standard reste très compétitif » résume l’experte. En l’état actuel, nombre d’éleveurs ont plutôt intérêt à produire des céréales pour acheter des tourteaux, que de produire des protéagineux.

Pois et féveroles peinent à convaincre

Le constat est le même pour les autres protéagineux. La surface française en  féverole est en baisse (68 000 ha en 2022 contre 77 000 ha en 2021 d’après Terres Univia), de même que la sole en pois protéagineux (133 000 ha en 2022 pour 195 000 ha en 2021). Des niveaux de production qui restent très loin de ceux enregistrés par le passé : « au début des années 1990, la France comptait près de 700 000 ha de pois et féveroles » rappelle Corinne Peyronnet.

Si le soja peine à convaincre, la production française de colza est également en retrait. Avoisinant les 1,5 millions d’ha entre 2008 et 2018, la surface en colza n’était que de 1,15 millions d’ha en 2022. En l’état actuel, il manque 200 000 ha de la culture pour atteindre l’objectif du plan France relance.

Dans ce contexte, une seule culture semble séduire : le tournesol. Avec 765 000 ha implanté en 2022, les agriculteurs français ont déjà dépassé l’objectif du plan protéines, fixé à 690 000 ha à horizon 2028.