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Pêche

Le nouveau ministère de la mer récupère un dossier épineux


AFP le 17/07/2020 à 17:02

« Il ne faut pas opposer les utilisateurs de la mer » : en récupérant, en lien avec d'autres ministères, le dossier de la pêche, la toute nouvelle ministre de la mer, Annick Girardin, va devoir concilier des intérêts souvent divergents entre les marins-pêcheurs et les défenseurs de l'environnement.

Globalement, ONG environnementales et acteurs économiques de la mer saluent le retour après quasiment 30 ans d’absence d’un ministère de plein exercice dédié intégralement à la mer, mais attendent fébrilement de voir vers quelles priorités ira sa feuille de route. « C’est assez satisfaisant et novateur, par rapport à tout ce qui s’est fait depuis 40 ans », a déclaré à l’AFP Hubert Carré, directeur général du Comité national des pêches, qui se veut optimiste sur « l’articulation entre les différents ministères », compte tenu d’un dispositif « équilibré ».

Cette architecture est également jugée intéressante par François Chartier, chargé de campagnes Océans, chez Greenpeace France : « Que la pêche ne soit plus à l’agriculture n’est pas un recul, c’est clair et net. (…) L’assimiler à l’agriculture était une erreur et tendait à défendre un modèle productiviste industriel, qui a montré son échec, notamment en Europe avec la politique commune des pêches », a-t-il déclaré. Il s’est montré en revanche nettement plus sceptique sur la volonté de la ministre de « s’approprier l’enjeu de protection des océans ». Il réclame notamment un « moratoire sur l’exploitation des minerais de fonds marins ».

« Il ne faut pas opposer les utilisateurs de la mer », a déclaré Mme Girardin, résumant les « deux priorités » dressées par l’Élysée, avec d’un côté « l’environnement, l’écologie, la lutte contre le dérèglement du climat, la biodiversité » et de l’autre « le développement économique et l’emploi ». « On a dénombré 11 compétences exercées conjointement avec (d’autres ministères) et cinq politiques auxquelles (Mme Girardin) est associée, tout va être une question de collaboration avec les autres ministres pour que ce soit de la complémentarité et non pas de la rivalité », a résumé Charlotte Nithart, porte-parole de l’ONG Robin des Bois. Elle a toutefois un « a priori positif », rappelant que lorsqu’elle était ministre des Outre-mer, Mme Girardin a « mouillé la chemise » pour améliorer la gestion des conséquences environnementales de l’ouragan Irma en 2017 à Saint-Martin et Saint-Barthélémy.