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Peste porcine africaine

L’autre virus qui menace l’élevage


AFP le 01/04/2022 à 11:05

Après la grippe aviaire, qui a déjà entraîné l'abattage de plus dix millions de volailles françaises, les éleveurs redoutent l'arrivée de la peste porcine africaine (PPA) qui circule à moins de 100 km de la frontière franco-italienne.

Historiquement présente en Afrique subsaharienne, la peste porcine africaine ne touche que les porcs, sangliers et phacochères. Elle n’est pas transmissible aux personnes. Forte fièvre, perte d’appétit, lésions cutanées font partie des symptômes. Il n’existe ni vaccin ni traitement. Jusqu’à 100 % de mortalité peut être constaté.

Le virus est présent dans tous les liquides corporels et très résistant. Il peut survivre plus de deux mois dans des viandes et charcuteries issues d’animaux atteints. Il se transmet d’un animal à un autre, par la consommation de denrées infectées – par exemple si des porcs domestiques sont nourris avec des restes – ou par contact avec tout support contaminé (bottes, roues de véhicule).

Depuis janvier 2020, des cas de peste porcine africaine ont été signalés dans 35 pays répartis sur cinq continents : plus de 1,1 million répertoriés chez des porcs domestiques et plus de 32 000 parmi les sangliers, selon l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE). À l’échelle de l’exploitation touchée, tous les porcs sont abattus. Les congénères des fermes voisines le sont généralement aussi pour éviter la propagation.

L’OIE qualifie le virus de « menace mondiale ». D’autant que ces six derniers mois, la PPA a continué « de se répandre dans plusieurs régions, atteint de nouveaux territoires, avec des conséquences graves sur les systèmes de production porcine, la santé et le bien-être animal, ainsi que sur les moyens de subsistance, la sécurité alimentaire nationale et le commerce international ».

Répercussions économiques

En 2018-2019, la peste porcine africaine avait décimé le cheptel porcin chinois, un des piliers de l’alimentation du pays. Depuis, la Chine a reconstitué son cheptel à prix d’or. Le marché porcin est très perturbé depuis que l’Allemagne a déclaré ses premiers cas chez des sangliers en septembre 2020. Alors premier producteur porcin en Europe, le pays a immédiatement perdu son statut indemne et vu un grand nombre de « pays tiers » (hors UE) fermer leurs portes à ses produits porcins. À la clé, des excédents et une chute des cours.

Les États s’efforcent de négocier des accords de « régionalisation » pour que leurs zones indemnes puissent continuer à exporter. La France, troisième producteur européen derrière l’Espagne et l’Allemagne, a signé un tel accord avec la Chine, de quoi espérer réduire l’impact économique d’une apparition de la PPA sur son sol à condition que la Bretagne, principale région d’élevage, soit épargnée.

À proximité de la France

La France a connu des foyers sporadiques en 1964, 1967 et 1974 mais est depuis indemne. La filière porcine nationale a connu une grosse frayeur à partir de septembre 2018, quand des cas ont été détectés en Belgique. Des clôtures ont été posées pour éviter que des sangliers ne traversent la frontière. La Belgique a depuis recouvré son statut indemne.

En janvier, le nord de l’Italie a été touché à son tour, avec des foyers à moins de 100 km de la France. « On a peut-être moins de risques de voir les sangliers passer la frontière parce qu’il y a les Alpes entre les deux », remarque Gilles Salvat, directeur général délégué au pôle recherche de l’agence sanitaire Anses.

Mais il y a d’autres vecteurs d’introduction. « En Belgique, on a soupçonné des restes alimentaires consommés sur une aire d’autoroute par des sangliers, peut-être également des sangliers qui étaient sur un camp de militaires qui rentraient de manœuvre dans l’est de l’Europe », tandis qu’« on ne sait pas comment les sangliers se sont contaminés en Italie », souligne Gilles Salvat. La situation en République dominicaine et à Haïti est aussi surveillée, du fait de leur proximité avec les Antilles françaises.