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Bovins viande

L’Algérie se tourne vers le Brésil pour importer des bovins finis


TNC le 05/04/2023 à 17:01

Le Brésil est le premier exportateur mondial de viande bovine, atteignant en 2022 le record de 2,3 Mt exportés (+ 26% par rapport à 2021) pour une valeur de 13,1 Md$ (+ 42 %). (©Henrique Ferrera, AdobeStock)

Après une année record d’importations de broutards français en 2022, l’Algérie achète des bovins finis en ce début 2023, dans le cadre d’une demande accrue en viande bovine pendant les festivités du ramadan. Pour se fournir, elle se détourne de l’Europe au profit du Brésil, notamment en raison du manque d’offre française. C'est une première.

Depuis début 2023, en prévision du ramadan qui commençait le 23 mars, l’Algérie a décidé de se tourner vers le Brésil pour se fournir en bovins vifs finis, indique l’Idele dans ses dernières Tendances.

C’est une première pour le pays, « qui a toujours préféré acheter des bovins vivants à l’UE pour leur qualité sanitaire ». Il n’a pas pu s’approvisionner en jeunes bovins finis en France faute de disponibilités, ni en Espagne à cause de tensions politiques depuis le printemps 2022, explique l’institut technique.

« L’Europe ne peut pas assurer l’approvisionnement du marché national. Il ne reste que les pays d’Amérique latine et l’Inde », expliquait début mars Sofiane Bahbou, président de la fédération nationale algérienne des importateurs de viande, relayé par le site d’info maghrebemergent.net. Il recommandait par ailleurs à son gouvernement de « libérer l’importation de la viande rouge » et de se tourner vers l’élevage intensif pour « augmenter la production et réduire les coûts ».

Lamine Derradji, PDG de l’agence nationale algérienne des viandes (Alviar), indiquait de son côté que « des conventions sanitaires ont été signées, pour la première fois avec le Brésil, l’Argentine, l’Inde, la Pologne et le Soudan ».

À l’approche du début du ramadan, et alors que la demande en viande va croissante à cette occasion, « l’Algérie a mis la priorité sur les importations de bovins finis plutôt que de broutards, l’intervalle de temps jusqu’à la période festive étant alors déjà trop court pour permettre d’engraisser des broutards », explique Ilona Blanquet, du service Économie des filières de l’Idele. Le pays a alors interdit la délivrance de nouvelles licences d’imports pour les broutards.

En 2022, un record pour les exports français de broutards vers l’Algérie

De fait, l’Algérie est d’ordinaire demandeuse de broutards, dont elle est le troisième client de la France. En 2022, les exports de broutards français vers cette destination ont dépassé de 10 000 têtes le record pré-Covid de 2019, avec 69 000 têtes, qui ont porté l’ensemble des exportations françaises vers les pays tiers à un niveau historique : 78 000 têtes, soit 24 % de plus qu’en 2021.

Exports mensuels de broutards français vers l’Algérie sur les quatre dernières années. (©Idele, d’après les douanes françaises)

En décembre 2022, elles ont notamment « bondi à 13 000 têtes (x 5/2021 et + 62 %/2020) », reprend l’Idele. Là aussi, l’Algérie s’est distinguée en achetant 12 000 têtes sur le mois, approchant le record absolu de décembre 2013 (15 000 têtes).

Toutes destinations, les exports français de broutards étaient en revanche en recul de 7 % en 2022 par rapport à 2021 (- 5 % vers l’Italie et – 28 % vers l’Espagne). La tendance se poursuit début 2023 en raison du manque d’offre (« les naissances étant en recul depuis de nombreux mois », rappelle l’Idele), du « recul structurel » vers l’Espagne qui continue, et de l’arrêt des achats algériens, donc.