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Engraissement

La finition des jeunes femelles à l’herbe : c’est possible !


TNC le 05/06/2018 à 10:56
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Si la Limousine et la Charolaise se finissent correctement à l'herbe, la Blonde d'Aquitaine reste à part et aura besoin d'un peu plus de temps pour atteindre le même poids de carcasse qu'un lot conduit au maïs/soja. La Chambre d'agriculture de Bretagne dévoile ses résultats d'essai concernant la finition des femelles allaitantes de façon autonome en remplaçant le concentré azoté par du fourrage présent sur l'exploitation.

La Chambre d’agriculture de Bretagne présentait au salon de l’herbe 2018 ses résultats d’essai quant à la finition des femelles allaitantes en autonomie en remplaçant le concentré azoté par du fourrage présent sur l’exploitation.

Avant de rechercher l’autonomie protéique, les experts techniques rappellent qu’il faut d’abord respecter les recommandations Inra pour définir les apports de la ration en fonction des besoins des animaux. L’essai mené à la station de Mauron montre que le fait de distribuer une ration à forte densité protéique (130 g de PDI/UF) qui dépasserait les recommandations de l’Inra (90 à 100 g de PDI/UF) ne montrerait aucun intérêt économique. En effet, même si les animaux augmentent leur capacité d’ingestion permettant d’améliorer les croissances et réduire la durée d’engraissement, cela implique un surcoût alimentaire (37 €/génisse due à une plus grande ingestion de tourteaux de soja dans l’essai). De plus, il y aurait un gaspillage de l’azote selon les mesures de rejets azotés.

Pour tester le remplacement du correcteur azoté par de l’ensilage d’herbe, deux lots de génisses charolaises ont été conduits avec un GMQ identique à 1 000 g/j (le lot témoin est nourri à l’ensilage de maïs avec 1 kg de tourteau de soja, tandis que lot d’essai se voit attribuer 1/3 d’ensilage de maïs et 2/3 d’ensilage d’herbe). Si le coût de distribution est plus élevé pour le lot complémenté à l’herbe que pour le lot témoin, le coût alimentaire final reste identique entre les deux lots. L’ensilage d’herbe s’avère donc être un bon moyen de remplacer le soja pour les animaux à forte capacité d’ingestion (Charolaises, Limousines…) dans le but d’acquérir de l’autonomie sur l’élevage, à condition que la récolte soit de bonne qualité.

Concernant l’enrubanné, la luzerne et le trèfle violet ont été comparés. Ainsi trois lots ont été étudiés pour un même objectif de croissance de 1 000 g/j : le lot témoin nourri à l’ensilage de maïs, au foin et complémenté d’1 kg de soja, un deuxième lot nourri pour moitié à l’ensilage de maïs et l’autre moitié en enrubannage de luzerne et le troisième lot nourri pour moitié au maïs et avec de l’enrubannage de trèfle violet en deuxième moitié. Le coût à la distribution semble être inférieur avec de l’enrubanné, quel qu’il soit (22 €/ t de MS contre 30 €/t de MS pour l’ensilage de maïs). Si la consommation des animaux augmente, cette conduite demande à l’éleveur de consacrer un peu plus de surface à la culture de l’herbe (5 à 6 ares/génisse en plus). Si cette surface supplémentaire était néanmoins valorisée en culture de vente, elle génèrerait en tant que fourrage un surcoût alimentaire de 20 € pour la luzerne à 40 €/génisse pour le trèfle (en prenant 700 € de marge brute/ha pour la culture de vente.).

Si la Blonde d’Aquitaine est élevée avec des quantités de concentrés importantes, c’est pour obtenir des poids de carcasse élevés. Entre 2014 et 2016, la station de Mauron s’est penchée sur l’intérêt d’une conduite plus autonome et économe (seulement 45 kg de concentrés achetés sur la vie de l’animal). Pour ce faire, les techniciens ont conduit deux lots de génisses : conduite économe et autonome contre conduire « classique » :

Arrivées au même poids de carcasse que les autres, les génisses peuvent être conduites de façon économe sans pénaliser leurs performances. La marge brute s’est alors améliorée (+  88 € dans l’essai), conséquence d’un coût alimentaire réduit (- 76 €). Néanmoins, ces génisses ont eu besoin de deux mois de plus que leurs homologues en conduite classique pour être finies. Cette conduite suppose donc plus de surfaces disponibles par animal (+ 13,5 ares de SFP), ce qui réduit encore une fois le potentiel en culture de vente.