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Changement climatique

La filière laitière française s’engage pour les ressources en eau


TNC le 05/07/2019 à 16:02

Dans le cadre d'un programme cofinancé par la Commission européenne, et mené en collaboration avec la Belgique, le Danemark, l’Irlande, l’Irlande du Nord et les Pays-Bas, 60 experts de l'environnement et du climat se sont réunis à la Maison de la mutualité à Paris à l'initiative de l'interprofession laitière française. L’objectif : responsabiliser le secteur laitier français face aux défis du changement climatique.

Des épisodes de sécheresse et les restrictions d’eau préfectorales ont impacté la filière laitière ces dernières années. Trouver des alternatives et préserver cette ressource vitale non renouvelable qu’est l’eau, en réponse au changement climatique, s’avère primordial à moyen terme. Ainsi, un programme européen auquel participe le Cniel s’inscrit dans les nombreuses démarches de progrès initiées dernièrement par le secteur laitier français pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre, mieux gérer l’eau, les sols, maintenir de la biodiversité. 

« 82 % des Français déclarent qu’il faut changer les manières dont nous consommons et produisons notre nourriture. Depuis quelques années, la qualité de l’eau s’améliore en France, grâce entre autres aux modifications des pratiques d’élevage. En 10 ans, le secteur a économisé 20 % des volumes d’eau. À travers différents programmes, de la ferme à la laiterie, la filière française veut généraliser les bonnes pratiques pour poursuivre les efforts entrepris, tant pour optimiser son usage qu’améliorer sa qualité. Grâce aux efforts de tous, la France sera une terre de lait durable », explique Caroline Le Poultier, directrice générale du Cniel.

Une amélioration de la qualité de l’eau

Tendance confirmée par les données 2014-2015 du réseau de surveillance de la Directive nitrates, la qualité de l’eau dans les régions d’élevage herbivore est en amélioration en France. Notamment, l’Institut de l’Élevage a montré qu’une régression de l’élevage au profit des cultures entraîne une augmentation des teneurs en nitrates. En effet, la matière organique issue des fermes permet le maintien d’une activité biologique efficace des sols, régulant ainsi la concentration des nitrates, donc la qualité de l’eau. 

Ces dernières décennies, l’évolution des pratiques d’élevage a notamment engendré une diminution des apports de synthèse azotés aux cultures au profit des apports azotés raisonnés issus des effluents d’élevage, d’où une reconquête significative de la qualité de l’eau en zone vulnérable. Les programmes PMPOA (programme de maîtrise des pollutions d’origine agricole) ont soutenu ces changements en finançant l’adaptation des bâtiments et l’acquisition de moyens de stockage des effluents tels que des fosses, à hauteur de 2 milliards d’euros entre 2002 et 2010. 

Une consommation d’eau optimisée

Le programme Aquarel, réalisé par Actalia pour le Cniel, a recensé les solutions écoresponsables existantes pour gérer l’eau de manière optimale. Pour ce faire, une soixantaine de sites industriels laitiers a été audité. L’objectif est que d’ici 2025, 100 % des entreprises laitières mettent en place les bonnes pratiques identifiées. 

«  L’une des pratiques les plus répandues consiste à recycler l’eau extraite du lait, lors de sa transformation en produits laitiers (le lait contient 88 % d’eau). Cette eau issue du lait peut servir aux opérations de lavage, à remplir les chaudières, à refroidir des produits ou encore à nettoyer l’extérieur des camions de collecte et évite ainsi d’utiliser des volumes importants de l’eau de ville. Les eaux rejetées par la laiterie sont ensuite traitées dans des stations d’épuration. 80 % des entreprises laitières possèdent leur propre station d’épuration ou une station de prétraitement des eaux. La pollution retenue se transforme, sous l’effet de bactéries naturelles, en boues. Elles sont soit incinérées, soit épandues dans les champs pour fertiliser naturellement le sol. »