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Foie gras

La filière, fragilisée, mise sur Noël


AFP le 15/10/2020 à 09:49
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(©Pixabay)

Après une épidémie animale, une autre humaine, et un trou d'air commercial dû aux effets pervers d'une loi pourtant destinée à défendre les producteurs, la filière foie gras et ses millions de canards mise désormais tout sur la consommation des fêtes de fin d'année pour reprendre son envol.

Avec la fermeture durant le confinement des restaurants un peu partout dans le monde qui représentent 40 % des débouchés commerciaux de la filière, l’ensemble des éleveurs, transformateurs et négociants estiment à 50 millions d’euros le montant des pertes dûes à la crise du Covid-19, a indiqué Marie-Pierre Pé, directrice de l’interprofession Cifog lors d’une conférence de presse à Paris. Ce brusque coup de frein intervient après une révision intégrale des pratiques sanitaires de la filière. Une terrible épidémie de grippe aviaire en 2016 et 2017, transmise par des oiseaux migrateurs, avait alors fait chuter sa production de près de 40 % en deux ans (13 173 tonnes de foie gras produits en 2017 contre 20.540 tonnes en 2015).

Il intervient aussi après une réduction sensible des ventes de foie gras en grandes surfaces, par le simple fait que le foie gras n’était plus « mis en avant ». Pourquoi ? Parce que la loi Alimentation, votée fin 2018, voulait encadrer et plafonner les promotions en volume et en valeur. Sur l’année, l’effet de la loi a provoqué un recul des ventes de 488 tonnes dans les supermarchés et hypermarchés, selon un calcul du Cifog. 

« Dans cet océan d’éléments négatifs », la filière foie gras se raccroche aux perspectives de consommation lors des fêtes de fin d’année et à l’espoir de l’ouverture de nouveaux marchés à l’exportation. La filière ne fait néanmoins aucune prévision pour 2021. « Le fil conducteur ce sera le marché, et l’indicateur, la réussite de fêtes de fin d’année » a indiqué Eric Dumas, vice-président de l’interprofession et producteur. La Chine a ouvert son marché en mars 2020 après neuf ans de démarches. Des discussions d’homologation sanitaire sont en cours avec les Etats-Unis, le Mexique et le Chili, ainsi que des perspectives de campagnes commerciales en Espagne et en Belgique.

Sur fond de poursuite de l’épidémie, « le contexte de fin d’année va être inédit, avec des fêtes en petits comités », a indiqué Mme Pé. « Nous avions expérimenté les apéros en visio pendant le confinement, nous avons maintenant adapté les conditionnements, des mini-formats pour des mini tablées et des mini budgets », a-t-elle dit.

La filière mise aussi sur le lancement de campagnes de communication à la télévision, radio, mais aussi sur les réseaux sociaux, notamment avec l’aide de chefs stars, comme le finaliste de l’émission Top Chef Adrien Cachot, « ambassadeur » du foie gras.