Il est « urgent » de sortir du « flou » sur le soja selon le Snia
AFP le 13/09/2024 à 10:35
Le syndicat français de l'industrie de l'alimentation animale (Snia) a appelé jeudi à clarifier d'urgence les conditions européennes « complexes et floues » fixées pour l'importation de soja garanti non issu de la déforestation, faisant état d'un possible « surcoût de 2,2 milliards d'euros au niveau européen ».
Ce règlement européen (RDUE) vise à interdire, à partir de 2025, l’importation de café, cacao, caoutchouc, huile de palme, bœuf, bois et soja ayant contribué à la déforestation. Mais ses modalités d’application sont encore floues, notamment sur les moyens de certifier le soja importé non-déforestant, et la Commission européenne doit encore publier « des détails de mise en œuvre »: « à trois mois de la mise en place du règlement, c’est totalement irresponsable », a protesté Ludovic Michel, vice-président du Snia, lors d’une conférence de presse à Paris.
« Sans ces modalités d’application, les fournisseurs ne peuvent pas se positionner (…). Nous sommes face à un vrai risque de rupture de la chaîne d’approvisionnement, avec les coûts désastreux (…). Et pendant ce temps-là, il sera toujours possible d’importer des poulets de pays tiers qui auront consommé du soja sans traçabilité », a-t-il déploré.
Le Snia se réfère à l’estimation par sa fédération européenne (Fefac) de « l’impact combiné du surcoût direct des approvisionnements en soja pour le marché de l’alimentation animale de l’UE » et « des surcoûts plus élevés prévus pour d’autres sources de protéines alternatives (tourteaux de colza ou acides aminés) », qui « pourraient atteindre jusqu’à 2,25 milliards d’euros » en 2025.
Complexité dans la mise en œuvre
« Le point dur de ce règlement, c’est la géolocalisation des parcelles au niveau des pays qui fournissent le soja à l’Europe », a expliqué Stéphane Radet, directeur du Snia.
Si un pays comme le Brésil sera sans doute prêt avant les autres, les exigences en matière de traçabilité sont beaucoup plus complexes à mettre en œuvre au Nigeria ou en Inde.
Or pour des filières comme l’élevage bio, exigeant un soja non-OGM par exemple – et donc venant d’autres pays que le Brésil -, il deviendra très difficile de répondre à la demande, alors que « les productions nationale et européenne ne satisfont pas la totalité des besoins », a souligné M Radet.
En France, les fabricants assurent que, selon des critères qu’ils ont développés, plus de 75 % du soja utilisé est déjà garanti non-déforestant, mais ces dispositions ne sont pas reconnues au niveau européen, déplore le Snia.
Le syndicat appelle les autorités à faire preuve de « pragmatisme et de responsabilité » pour « permettre la continuité de l’approvisionnement en soja ».
La graine oléagineuse représente 14 % des utilisations de matières premières utilisées par les fabricants, qui ont produit en 2023 plus de 19 millions de tonnes d’aliments pour bétail.